
Musée du livre
Le musée d’Israël à fait peau neuve et le bâtiment principal en restauration est fermé au public pendant un an mais l’aile des jeunes a attiré une foule considérable d’Israéliens pour ses deux expositions intitulées respectivement « Art orphelin » et « En quête de propriétaires ».
Il s’agit d’expositions d’œuvres d’art spoliées en France à des Juifs, envoyées en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, retrouvées par les Alliés et ramenées en France après la guerre. Ce sont le ministre français des Affaires Etrangères Bernard Kouchner et la ministre française de la Culture et de la Communication, Christine Albanel qui ont eu l’initiative de cette exposition au Musée d’Israël, à Jérusalem du 19 février au 4 juin 2008. Du 24 juin au 28 septembre cette exposition se tiendra au musée d’Art et d’Histoire du judaïsme à Paris
Cette exposition des œuvres d’art venant de France s’appelle « En quête de propriétaires ». La curatrice française qui a coordonné l’exposition avec le Musée d’Israël espère qu’avec toutes les informations, il sera possible de retrouver des propriétaires, mais cela s’avère de plus en plus difficile. Car cette exposition est particulière.

Maintenant en France
Entre 1940-1945 environ 100 000 œuvres d’art ou objets de culte juif ont été spoliés en France et envoyés en Allemagne ou en Autriche. 60 000 sont revenus en France et 45 000 ont été restitués à leurs propriétaires ou leurs descendants. Des chiffres qui montrent l’ampleur de cette shoa des œuvres d’art qui a souvent été méconnue du grand public. Il s’agit d’œuvres de grande valeur, comme celles que l’on peut voir dans cette exposition : Cézanne, Degas, Chardin, Delacroix, Ingres, Monet, Sisley, Chagall, etc. mais aussi de tableaux ou objets sans grande valeur marchande mais qui ont une grande valeur affective pour les descendants dont c’est le seul lien avec la vie de leur famille d’avant la guerre.
Hitler voulait faire de Linz, sa ville natale en Autriche, la capitale d’art européen supplantant Paris, Vienne et Berlin. Hitler, Goering et Rosenberg, l’idéologue du nazisme, créent en 1938-39, un organe du Reich sous l’autorité de Rosenberg (E.R.R) pour préparer le terrain, repérer les collectionneurs et situer les galeries.
Dés la fin de 1940, cette agence E.R.R sera autorisée à saisir toute propriété appartenant aux Juifs. L’ambassadeur d’Allemagne à Paris rassemblera ainsi 10 000 œuvres d’art, stockées temporairement au Jeu de paume où les Nazis les enregistreront méthodiquement avant de les envoyer en Allemagne et Autriche. En même temps, une jeune fille française travaillant au Jeu de paume, Rose Valland, fera elle aussi, mais en secret, la liste de ces tableaux et de leur provenance, et elle permettra ainsi, après la guerre, de nombreuses restitutions.
Depuis avril 1941 jusqu’à juillet 1944, 138 wagons contenant 29 000 travaux ou objets, partiront pour l’Allemagne. 38 000 maisons juives auront été pillées : tableaux, meubles, tapis, habits, jouets.
Les plus grandes galeries de collectionneurs sont volées, souvent sous couvert de vente : Shloss, Rosenweig, Rotschild, etc. Goering, collectionneur, avide et connaisseur, gardait pour son musée personnel les meilleures œuvres. Il était aidé par des représentants d’art corrompus qui opéraient sur les marchés à Paris et Amsterdam. Les Juifs étaient manipulés et on les forçait à vendre leur collection : vente forcée.
Après la guerre, les Alliés découvriront des tableaux, des caisses, des rouleaux de la Tora, entreposés dans des caves de musées, dans le château de Newschwansten en Allemagne, dans une mine de sel à Atlan en Autriche, dans des églises, à Offenbach, à Baden-Baden, mais aussi dans des maisons d’officiers nazis.

Les 53 tableaux exposés actuellement au musée d’Israël font partie de cette organisation et ont la mention MNR. En plus de la notice explicative, à coté de chaque tableau, on peut consulter le site Internet du ministère de la Justice, ce qui permettra de découvrir d’éventuels héritiers qui pourront faire la demande en France aux archives du ministère français des Affaires Etrangères. « Le processus qui consiste à solliciter le retour de l’art spolié, a toujours été l’une des questions les plus épineuses des restitutions de la Shoa » écrit Davis Brinn dans Jérusalem Post en français du 19-25 février 2008.
Quelques exemples de tableaux « En quête de propriétaires » :

La Buveuse
Ces 53 œuvres exposées sous le titre « En quête de propriétaires » viennent de 24 musées de France. D’autre part « Art orphelin » expose au public pour la première fois une cinquantaine de peintures ou objets de culte venant du musée d’Israël lui-même. Après la guerre, l’Organisation du Service de Restitution Juive (JRSO) fut chargée de la responsabilité des propriétés culturelles des Juifs, rassemblées par les Alliés dans la zone d’occupation américaine en Allemagne. Il s’agissait de les distribuer à des communautés juives dans le monde et aussi en Palestine. Dans ce but, Mordekaï Narkis, directeur du musée national de Betzalel, précurseur du musée d’Israël, fut invité en Europe au début de 1950. La plupart des œuvres avaient appartenu à des communautés et institutions juives, synagogues, centres communautaires, qui n’avaient pas survécu à la Shoa. Mordekaï Narkis a ramené environ 1 200 pièces, judaïca, peintures, et impressions qui se trouvaient en quelque sorte orphelines et qui furent gardées au musée d’Israël. Une des œuvres maîtresse de cette exposition est une peinture de Egon Shiele (1915) « Krumeau », le village natal de sa mère. Les maisons sont entassées en demi-cercle, aucun personnage, sentiment d’oppression. Il n’aimait pas cette ville fermée. Cette peinture d’une très grande valeur n’a jamais été réclamée. Une des œuvres les plus remarquées est un petit tableau de Chagall datant de 1914, Paris. « Rabbin, Juif en prière ». Œuvre très moderne, il fréquentait déjà les Cubistes et les Fauves. Il expose en mai 1914 à Berlin où il remporte un succès considérable. De là, il part en Russie en juin 1914 pour le mariage de sa sœur. La Première Guerre mondiale éclate et il ne pourra pas revenir à Paris. Les œuvres de ces 4 années de grande créativité sont restées à Berlin, Chagall ne les récupérera jamais. On ne sait pas comment cette toile a survécu. A la Deuxième Guerre mondiale on le fera partir pour New York via Lisbonne le 23 juin 1941. Mais cette fois, il emportera ses toiles avec lui.
Boulevard Montmartre

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Paris - Musée d’art et d’histoire du Judaïsme 1, rue du Temple 75003 Paris Tél. :01 53 01 86 30 -31 Courriel www.mahj.org/
Source : Un écho d’Israël
Images : Univers Torah