Le témoignage déchirant de Eli Sharabi, ex otage du Hamas. Chaque matin, je récitais le Chéma Israël

Le survivant de captivité, Eli Sharabi, revenu de Gaza après 491 jours, a raconté dans une interview bouleversante que, bien qu'il n'ait jamais été une personne religieuse, c'est dans les moments les plus sombres qu'il a découvert la puissance de la foi.

"Depuis le moment où j’ai été enlevé, chaque matin, je récitais 'Shema Israël', ce que je n’avais jamais fait de ma vie. J'avais l’impression que quelqu'un veillait sur moi", confie-t-il avec émotion.

Eli Sharabi, enlevé par le Hamas le 7 octobre et libéré après 491 jours en captivité, s'est exprimé pour la première fois ce jeudi dans l'émission "Ouvda" avec Ilana Dayan, révélant des moments bouleversants de sa détention.

Il explique qu'alors qu'il n'avait jamais été religieux, c'est précisément dans l'obscurité la plus profonde qu'il a ressenti la force de la foi. "Je ne suis pas une personne religieuse, mais là-bas, à partir du moment où j’ai été kidnappé, chaque matin, je disais 'Shema Israël'. La force de la foi est incroyable. J'avais l’impression que quelqu'un veillait sur moi."

En larmes, il ajoute : "Je fais le kiddouch pour moi-même et je récite 'Eshèt Haïl' pour ma mère, pour mes sœurs, pour ma femme et pour mes filles."

Lors de l’interview, Ilana Dayan lui demande : "D-ieu est-il présent dans le tunnel ?" Ce à quoi Sharabi répond : "Il y a quelque chose qui veille sur toi dans le tunnel, et cela t’apporte beaucoup de réconfort."

Il a également livré un aperçu des épreuves qu'il a traversées pendant les 16 mois passés dans l'enfer du Hamas. Il raconte notamment comment, dans les tunnels de la bande de Gaza, il a vu Ohad Yahalomi, encore en vie mais dans un état critique. Le corps de Yahalomi a été restitué à Israël à l'aube.

Sharabi se souvient avec une précision glaçante de sa première nuit dans le tunnel où il est resté plus d’un an, aux côtés d’Or Levy, Elia Cohen et Alon Ahel. "Tu es à 50 mètres sous terre, les conditions sanitaires sont tout simplement horribles. Tu prends une douche, au mieux, une fois par mois, avec une bouteille d'eau, un demi-seau d'eau froide. Les chaînes sur mes pieds ne m’ont pas quitté du jour où je suis arrivé à Gaza jusqu’au dernier jour. Certains étaient attachés par intermittence, mais moi, j’ai été enchaîné aux jambes pendant un an et quatre mois, avec des chaînes lourdes qui te lacèrent la chair."

Mais plus encore que la violence et les conditions sanitaires déplorables, Sharabi décrit une faim insoutenable qui ronge le corps. "Cette notion d’un homme libre qui peut simplement prendre un fruit ou de l’eau – c’est à cela que tu rêves chaque jour. Peu importe les coups que tu reçois – et j’en ai reçu, on m’a brisé des côtes. Ça ne m’importe pas, donne-moi juste un demi-pain pita de plus. Tu vois littéralement ton ventre se creuser. À un moment, tu ne peux pas croire que ton corps subit cela. Dans les pires périodes, on mangeait une fois par jour, un bol de pâtes, soit 250 à 300 calories."

Sharabi raconte également le terrorisme psychologique cruel que le Hamas a exercé sur lui tout au long de sa captivité, notamment au moment de sa libération. Ses geôliers lui avaient fait croire qu’il retrouverait sa femme et ses deux filles au centre d’accueil de Réïm, alors qu’elles avaient en réalité été assassinées le 7 octobre.

Ce n'est que lorsqu'il a été remis aux forces de Tsahal que la vérité lui a été révélée : il venait de survivre à près de 500 jours en captivité, mais il avait tout perdu. Ses filles, Yahli et Noya, ainsi que sa femme, Lian, avaient été tuées au matin du 7 octobre. Il avait été enlevé au kibboutz Be’eri, non loin de son frère, Yossi, qui avait lui aussi été assassiné.

Malgré l’immensité de son chagrin, la perte insoutenable et les mois d’enfer passés en captivité, Sharabi considère qu'il a eu de la chance :

"Contrairement à ce que l’on pourrait penser, je ne ressens pas de colère. J’ai eu la chance d’avoir Lian pendant 30 ans. J’ai eu la chance d’avoir ces filles incroyables pendant des années. J’ai eu la chance de ne pas avoir été tué. J’ai eu la chance, après 16 mois, de pouvoir revenir auprès de ma famille. Je suis chanceux."

Vidéo complète de l'interview

Source : ch10