Le tribunal est lui-même devenu 'Hamètz

Le tribunal des affaires locales de Jérusalem a pris au début de ce mois, une décision sans précédent en statuant que la vente du Hametz (aliment avec levain interdit pendant la fête) serait désormais permise pendant Pessah (Pâque) dans les épiceries et les restaurants. Il a ordonné au parquet d'annuler des actes d'accusation pour vente du Hametz pendant Pessah, qui ont été déposés précédemment contre quatre commerçants de la ville.

La juge Tamar Bar Asher Tsaban a décrété que la loi n'interdisait l'exposition du Hametz que dans des lieux publics pendant les huit jours de la fête. En fait, elle a fait une distinction très "subtile" entre deux termes très proches, Poumbi et Tsibouri, signifiant pratiquement la même chose, et a décrété que les épiceries, les restaurants et les pizzérias n'entraient pas dans cette catégorie.

Le ministre des Cultes Itshak Cohen, du parti Shass, a vivement condamné cette décision en estimant que le tribunal lui-même était devenu "Hametz" (inconsommable) aux yeux de la population. Il a conseillé aux juges de s'occuper de questions qu'ils comprenaient et a ajouté qu'il demanderait au parquet de déposer un recours.

Le leader du Parti national religieux, Zevouloun Orlev, s'est déjà adressé au conseiller juridique du gouvernement Menny Mazouz afin de lui demander de remettre en cause ce verdict sans précédent. Il a rappelé qu'il était totalement "coupé de la réalité". Et de préciser: "Il n'est pas question de laisser une juge des affaires locales statuer sur des préceptes religieux aussi importants, marquant le caractère juif de l'Etat d'Israël en tant qu'Etat juif".

Le grand rabbin d'Israël, le Rav Yona Metzger a déclaré que les juges n'avaient pas le droit de se mêler de questions religieuses. Il a ajouté que "l'interdiction concernant le Hametz, consistant à "ne pas le voir et ne pas en posséder", ne devait pas être soumise à une interprétation juridique". Pour lui, ce verdict est un affront à la Tora d'Israël. Et de conclure: "Malheureusement, le tribunal a renversé la loi juive".

Le député Moché Gafni, du parti orthodoxe Yaadout Hatora, commentant le verdict, a déclaré que "les stratagèmes de la juge pour définir le terme exact de "public" allait à l'encontre de l'esprit de la loi".

Le député travailliste Ophir Pinès a salué pour sa part la décision du tribunal. Il a estimé que "la loi interdisant le Hametz aurait dû être annulée depuis longtemps" et qu'il s'agissait d'une loi "stupide et incontrôlable".

Source : Hamodia avril 2008