
De quoi s'agit-il? Jusqu'à présent, lors d'un divorce, la répartition des biens ou les arrangements financiers entre les "futurs ex-époux" ne pouvaient se faire qu'une fois le "Guett" accordé par le mari devant le Tribunal rabbinique. Cette pratique avait entraîné de nombreuses situations complexes, faites parfois de chantages et de drames humains, lors desquelles la partie "faible" - les femmes - finissaient par abandonner leurs droits financiers, leurs biens, ou même renoncer à la garde des enfants, uniquement dans le but d'obtenir le "Guett", et pouvoir enfin recommencer une nouvelle vie. La remise du "Guett" était donc parfois assortie de rudes négociations et batailles juridiques, dans lesquelles les femmes étaient souvent perdantes par découragement.
L'amendement voté à la Knesset permet désormais au Tribunal, à partir d'une année après l'ouverture d’un dossier, de procéder au partage des biens de manière égale entre le mari et la femme, même si le divorce religieux n'a pas encore été prononcé. Cette nouvelle disposition permettra par ailleurs aux femmes en voie de divorce, de pouvoir financer les frais de procédure ou de mieux subvenir à leurs besoins - et ceux de leurs enfants - pendant la procédure. Déjà en 2003, la Commission juridique de la "Coalition IKar", qui regroupe 27 organisations désirant résoudre ce douloureux problème, avait interpellé à la Knesset à ce sujet. Mais sans résultat significatif. Cette fois-ci, ce sont les députés Michael Melchior (Avoda-Meimad), Zevouloun Orlev (Ihoud Leoumi Mafdal) et Otniel Shneller (Kadima), qui ont réussi à faire passer cette loi.
Cette nouvelle disposition qui donne pouvoir aux Tribunaux Civils d'Interférer dans les procédures en cours dans les Tribunaux Rabbiniques n'a pas été reçue de la même manière chez les Rabbanim et les députés religieux.

Les arguments des opposants sont les suivants : le Rav Eliyahou Ben-Dahan, directeur administratif du Tribunal Rabbinique, estime "qu'après ce vote, les divorces seront encore plus nombreux, car les procédures seront plus rapides et empêcheront les réconciliations". Pour le Rav Itsh'ak Lévy, du Ihoud leoumi, "cette loi va augmenter le nombre de mamzerim (enfants illégitimes), car les femmes non religieuses n'attendront plus désormais la remise du divorce religieux. Dès qu'elles auront obtenu le partage des biens, elles se remarieront tout en n'étant pas divorcées religieusement." Enfin, le Grand Rabbin Amar craint que "le 'gett' accordé par un mari après une procédure civile avec laquelle il n'était pas d'accord, ne soit pas valable (Guett Me-oussé)".
A l'opposé, les mouvements orthodoxes modernes, le organisations féminines religieuses, et le groupe des Rabbanim de "Tsohar" soutenaient ce texte, à l'image du Rav Youval Sherlo, ou encore du très religieux et très féministe Rav Shlomo Riskin d'Efrat. Le Rav Sherlo estime par exemple "qu'il fallait à tout prix mettre fin à l'exploitation de la Halakha à des fins financières par le côté fort lors d'une procédure de divorce. Cet amendement a atteint son objectif.". Il reconnnaît toutefois les risques énumérés par les opposants à la loi, mais "lorsqu'il voit les avantages qu'elle offre, son choix est vite fait".
Désunion chez les Rabbanim...
Source : Arouts7 le jeudi 6 novembre 2008