
A une semaine des élections qui, le 22 juin, doivent désigner le nouveau grand rabbin de France, La Fête de l'unité organisée dimanche 15 juin par les Amis du rabbin Sitruk dans la salle de spectacles parisienne marquait le point d'orgue d'une campagne électorale de plus en plus tendue, qui oppose le tenant du titre au grand rabbin Gilles Bernheim, son adversaire malheureux en 1994.
Sur la scène du Zénith, Joseph Sitruk n'a fait qu'une rapide allusion aux querelles en cours, rappelant la difficulté pour tout croyant "de ne pas parler mal et de ne pas entendre le mal". Il a surtout invité sa "communauté adorée" à prier "pendant les huit jours à venir" pour sa réélection.
Cette campagne qui, au final, ne s'adresse qu'à 315 grands électeurs, a connu cette année une médiatisation inédite, sur Internet et dans la presse communautaire. Plusieurs incidents y ont alimenté la polémique entre les deux candidats.
Au-delà d'un style radicalement différent, les candidats défendent tous deux un judaïsme orthodoxe et tiennent sur la défense d'Israël un même langage de fermeté. Mais "l'un parle au coeur, l'autre à la tête", entend-on dans la communauté où l'image de Gilles Bernheim reste celle d'un intellectuel froid et distant, tandis que Joseph Sitruk cultive son côté "populaire et simple". " On lui reproche de ne pas élever le débat", souligne un de ses proches, " mais tous les juifs de France ne sont pas énarques". "Bernheim est peut-être un bon philosophe, mais il n'attire pas les foules", juge un autre rabbin pro-Sitruk.
Réputé pour sa volonté de faire entendre une voix juive dans la société, Gilles Bernheim est aussi accusé de "libéralisme" religieux. Les adversaires de Joseph Sitruk soulignent de leur côté qu'en vingt et un ans de mandat, le grand rabbin de France a laissé la communauté juive s'éparpiller entre divers courants sans parvenir à maintenir son unité.
Dimanche, à l'heure où Joseph Sitruk officiait sous les projecteurs du Zénith, Gilles Bernheim proposait une soirée d'étude sur la survie du peuple d'Israël à la synagogue des Tournelles à Paris.
Source : Le Monde