
"Ego, o eggonos enos ellina" ("Moi, le petit-fils d'un Grec") n'est pourtant pas un savant traité géopolitique, mais une histoire des racines judéo-grecques de Nicolas Sakozy. Rédigé par deux chercheurs et un journaliste grecs, il décrit la destinée de sa famille maternelle, qui appartenait à la communauté juive de Salonique.
Une famille séfarade venue d'Espagne, via la Provence. Edité par la prestigieuse maison Kastaniotis à Athènes, cet ouvrage, dont le titre fait référence à un des premiers discours que Nicolas Sarkozy a tenu le 27 mai 2007 au Havre, évoque l'histoire des juifs de Grèce à la fin du XIXe et au XXe siècle, à travers la saga de la grande famille sépharade des Mallah, établie à Salonique à la fin du XVIe siècle et dont est issue la mère de Nicolas Sarkozy.
Après avoir longuement dépouillé les archives locales, les auteurs ont établi qu’en des temps reculés, la famille de la mère de Sarkozy est arrivée à Salonique -sous domination ottomane jusqu’en 1912-, après avoir quitté la Provence où la famille Mallah s’était installée après avoir été chassée d’Espagne par Ferdinand le Catholique.

Juifs de Salonique en 1917
Lors du premier conflit mondial, Aaron exerce en tant que médecin pour l’armée française. Pendant une permission à Paris, il y rencontre une infirmière, Adèle Bouvieux, et se convertit au catholicisme en prenant le nom de Bénédict pour pouvoir l'épouser en 1917. Vient la Seconde Guerre mondiale. La famille se réfugie dans les Pyrénées pour échapper aux persécutions du régime de Vichy. Après 1945, Aaron s’engage résolument dans le camp gaulliste. Une des deux filles, Andrée Mallah, épouse un réfugié hongrois du nom de Paul Sarkozy.
Le couple va avoir trois enfants, dont un est nommé Nicolas. Mais en 1960, Paul Sarkozy fait faux bond à sa famille alors que Nicolas n’a que 5 ans, et le jeune garçon est en grande partie pris en charge par son grand-père, dont il est dit qu’il avait l'habitude d’entretenir ses petits-enfants sur l’histoire de Salonique.

Juif de Salonique 1890
A 20 ans, Sarko part en Grèce vendre la propriété familiale Douloureux réveil pour l’adolescent Sarkozy, qui découvre ce trou noir dans son histoire. Les auteurs révèlent -photocopies de documents notariés à l’appui- qu'à l'âge de 20 ans, il s’est rendu à Salonique pour vendre la propriété familiale afin de résoudre des problèmes financiers auxquels sa famille était confrontée. Nicolas Sarkozy aurait caché l’argent de la vente dans la doublure de sa veste pour échapper aux douanes grecques.
7000 exemplaires vendus, un relatif succès "Le fait que le président français ait des racines juives et grecques suscite un fort intérêt des Grecs", nous a déclaré Christos Raptis, l'un des trois auteurs du livre, avec Georges Anastasiadis et Léon Nar. "Plus de 7 000 exemplaires ont déjà été vendus depuis sa parution il y a deux semaines, un chiffre important en Grèce." L'ouvrage en est à sa troisième impression. Ce "succès" s’explique par le fait que "les Grecs manifestent un vif intérêt pour l’histoire de la communauté juive de Salonique, longtemps surnommée 'la Jérusalem des Balkans', dont l'histoire a été occultée par les Grecs pendant de longues années", souligne Christos Raptis.

Lors du dernier sommet européen de Bruxelles, le Premier ministre Costas Caramanlis a remis un exemplaire du livre au président français en lui promettant qu’il serait traduit en français pour le printemps. Nicolas Sarkozy a pu prendre connaissance de certains passages, les auteurs lui en ayant fait parvenir une traduction partielle.
Lors de la présentation du livre à la presse, Dora Bakoyiannis, la ministre grecque des Affaires étrangères, a rapporté que le président français s'était déclaré "très content" de l’ouvrage.
Source : Par Pierre Rouchaléou (Journaliste)