
« J’avais deux ou trois choses à vous dire… », c’est ainsi que le chef de l’Etat conclut son discours, répondant avec énergie, détermination et liberté au discours inaugural de Richard Prasquier, un discours sincère et généreux, émouvant et digne.
Parmi les « choses » qu’il devait dire aux Juifs de France, Nicolas Sarkozy a choisi de parler de la mémoire et de l’antisémitisme, de son amitié pour Israël. Il a pris des engagements forts. Il a exprimé des idées nouvelles, présenté des projets. Pourtant, la presse quotidienne française aura surtout retenu ses propos sur la morale, la laïcité et sa conception de la religion. Après les discours de Latran et de Riyad, Nicolas Sarkozy est venu simplement dire aux Juifs ce qu’il avait également exprimé aux Chrétiens et aux Musulmans : la religion est un fait de culture et d’identité, et elle fonde la morale, insistant : « Je persiste et je signe ».
Intransigeant avec le passé sombre de la France, Nicolas Sarkozy s’est adressé à l’enfant du miracle, Richard Prasquier né dans la ville polonaise de Gdansk en 1945, survivant d’un monde englouti. Il a évoqué l’Insurrection du Ghetto de Varsovie, Willy Brandt agenouillé devant le monument dédié à la mémoire des héros insurgés. Il a proposé de confier à chaque élève de CM2 la mémoire d’un des onze mille enfants victimes de la Shoah en France. Il a dit ses regrets de ne pas être arrivé à temps pour sauver celui qu’il nomme comme un symbole, « Ilan ».

Sans complexe, il a affirmé que « la poursuite de la colonisation est un obstacle à la paix. Son gel complet est nécessaire », ne suscitant aucune réaction particulière parmi les mille invités qui applaudirent l’orateur lorsqu’il annonça que la première visite d’un chef d’Etat étranger serait celle de Shimon Pérès, et qu’il tiendrait ce même discours devant la Knesset lors de son voyage en Israël au mois de mai, pour le 60ème anniversaire de la création de l’Etat juif.
Grâce au dîner du CRIF, désormais tradition républicaine, les vingt ministres du gouvernement, l’ensemble des responsables politiques français et leurs conseillers, ont été sensibilisés à la question du sort des trois soldats enlevés par le Hamas et le Hezbollah.
« Deux ou trois choses à nous dire »… Les roquettes sur Sdérot que Nicolas Sarkozy dénonce, l’attentat de Dimona qu’il déplore, la libération de Guilad Shalit qu’il réclame, ont résonné ce mercredi 13 février comme un écho au discours de Richard Prasquier qui demandait au Président de la République de ne pas abandonner « ces garçons qui ont été enlevés en Israël il y a 600 jours. Le silence sur leur sort est inhumain. Monsieur le Président de la République, nous savons votre détermination. Ne les abandonnez pas ».
Source : Guysen International News fevrier 2008
Photos : Univers Torah