
Il fut acquis en juin par cette ville lors d'une vente aux enchères chez Sotheby's à Londres
"C'est une pièce exceptionnelle, unique", arrachée pour 51.000 euros "à des acheteurs privés étrangers", souligne Mickaël Delafosse, adjoint au maire chargé de la Culture, qui se réjouit que le manuscrit revienne à Montpellier pour "mettre en lumière" une partie de l'histoire de la ville ainsi que "notre mémoire". C'est à la synagogue que la maire de Montpellier, Hélène Mandroux (PS), a fait découvrir mercredi ce livre liturgique ou Ma’hzor.
Il se présente sous la forme d'un manuscrit de 253 feuillets de parchemin ou de papier - quelques-uns marqués par le temps - enserrés dans une brochure de cuir. Les prières y sont écrites de façon très régulière, à l'encre brune, en dialecte Séfarad provençal.
Il contient aussi plus de 70 Piyoutim, des poèmes liturgiques rares et souvent uniques, chantés en Espagne, en Languedoc et en Provence. Il n'était utilisé, indique la directrice des Archives municipales Christine Feuillas, qu'à l'occasion de certaines fêtes religieuses dont Rosh Hachana, le Nouvel An juif.
Selon les premières recherches menées sur le manuscrit, la liturgie qui y est développée, est "issue du rite catalan, et présente des parentés avec les rites provençal et comtadin", souligne Mme Feuillas.

Une présence importante, riche, symbole d'une "tradition de tolérance de la ville" depuis le Moyen Age, explique M. Delafosse.
"Les Juifs ont dû être présents à Montpellier dès la création de la ville, en 985", raconte le directeur de l'Institut Maïmonide, Michaël Iancu
Leurs rangs vont se gonfler, lorsque la dynastie Almohade, prenant pied en Andalousie, ne donnera aux juifs d'Espagne que le choix entre la mort, la conversion ou l'exil, poursuit-il.

De cette époque médiévale, observe M. Iancu, reste notamment à Montpellier le Mikvé, bain rituel juif, un des joyaux du patrimoine de la ville et l'un des plus anciens bains rituels d'Europe.

Source : 24heures