
"Dès mi-2002, 40 % de la communauté juive vivait sous le seuil de pauvreté. La communauté s'est appauvrie en un temps record", déclare Kliksberg. L'analyste indique que la situation est tellement mauvaise que de nombreux enfants de la communauté juive "ont commencé à quitter l'école pour aller travailler".
Analysant les raisons de la plus grave crise socio-économique qu'ait affronté l'Argentine ces dernières années, Kliksberg n'hésite pas à fustiger les politiques économiques du gouvernement depuis les années 90.
"Ces politiques étaient cruciales pour la polarisation sociale de la société argentine. Mais certaines de ces politiques ont laissé les petites et moyennes entreprises sans aucune protection, en proie à la compétition des économies développées fortement subventionnées", explique-t-il.

Ce dernier note que les organisations juives "ont immédiatement répondu à l'appel". Et d'ajouter : "Au lieu d'adopter l'approche du chacun pour soi ou de justifier la pauvreté des Juifs, les organisations sont devenues l'axe de la communauté et de ses institutions. L'AMIA (l'association juive d'Argentine) a multiplié son travail social et la fondation caritative a fait un excellent travail". Klisksberg ajoute que la communauté argentine avait également bénéficié du soutien de la communauté juive américaine et d'Israël.
Ces aides ont permis à la communauté de survivre à la situation, mais n'ont pas changé cette dernière, qui ne pourra s'améliorer qu'à l'aide de politiques publiques adaptées.
Kliksberg indique que la majorité des Juifs d'Argentine sont pratiquants et que lui-même cite les Ecritures lorsqu'il donne des conseils aux banquiers et hommes d'affaires.
En fait, ce cri d’alarme n’est pas nouveau ainsi que le témoigne cet article paru le 29 août 2001 dans le journal Haarets, sous la plume de Eliahou Salpeter.

F.M.I. à Washington
Seul un optimiste obstiné peut croire que cette aide supplémentaire du FMI devrait permettre à l'économie argentine de se remettre et que la situation de la communauté juive de ce pays, affectée par la crise, puisse s'améliorer.

Des milliers de déposants juifs privés ont perdu l’essentiel de leurs économies dans l'effondrement de ces deux banques, qui avaient toujours fourni lors des crises précédentes des crédits relais pour aider leurs clients jusqu'à ce que la tempête en question se calme. Les dirigeants et les propriétaires des deux banques étaient aussi parmi les principaux donateurs de la communauté.

Le bâtiment de l'AMIA hébergeait les bureaux de nombreuses organisations juives. Au cours de cette explosion, 84 personnes ont perdu la vie.

Près d’une douzaine de personnes ont été arrêtées, mais elles n’auraient toutefois joué qu’un rôle secondaire dans cette attaque. La plupart d'entre elles étaient des membres de la police, chez qui l’antisémitisme prévalait à cette époque. Une date a été fixée pour le procès des suspects; mais le procès a été reporté et les autorités sont accusées de tentative d’effacer les traces des criminels responsables de cet acte terroriste, des traces qui mènent directement à la Syrie et à l'Iran.

Mémorial aux victimes de l'attentat
Une preuve de la triste situation de la communauté peut être trouvée dans les rapports de deux organisations juives américaines. Les extraits d'un rapport compilé par deux directeurs de l’HIAS, la Société d'Aide aux Immigrants Juifs , Neil Greenbaum (Président du Conseil d’administration) et Léonard Glickman (Président et Président-Directeur Général) ont paru récemment dans l’hebdomadaire New-Yorkais Forward. Dans leur rapport, les auteurs avertissent que la communauté juive d’Argentine "est une communauté en péril parce que, point après point, elle se défait tout comme le tissu de sa société se détériore au milieu du bouleversement économique que vit l'Argentine". Selon les cadres de l’HIAS, le nombre des Juifs en Argentine, qui était évalué entre 230.000 et 240.000 il y a deux ans à peine, se situe aujourd'hui en dessous de 200.000. Les raisons de cette baisse sont une augmentation des mariages mixtes et, plus particulièrement, une hausse du nombre de Juifs quittant le pays.
Le chômage largement répandu en Argentine affecte aussi des dizaines de milliers de Juifs et une classe sociale connue en tant que "Nouveaux Pauvres" apparaît. Quelques familles juives ont perdu leurs maisons et sont forcées de vivre dans des bidonvilles. Beaucoup de Juifs argentins qui détiennent encore un emploi ont été contraints d’accepter de voir leurs salaires réduits jusqu’à 50 pour cent. Greenbaum et Glickman rapportent que certaines personnes viennent maintenant à la synagogue non pas seulement pour prier, mais aussi pour recevoir un panier de nourriture hebdomadaire. Certaines des organisations de la communauté ont été contraintes de fermer, tandis que d'autres ont dû sérieusement réduire leurs activités.

Site internet de l'HIAS
La crise économique que connaît l'Argentine et la situation critique au sein de la communauté juive durent déjà depuis plusieurs années, mais récemment, le rythme de cette détérioration s’est accéléré. Un sérieux problème qui aggrave la situation est le fait que certains Juifs ont le caractère "machiste" commun en Amérique du Sud, et sont gênés de demander de l'aide, jusqu'à ce que les choses soient devenues extrêmement graves.
Ce fait a été rapporté au « Béné Brite » de New York par l’un de ses cadres dirigeants, qui s’était récemment rendu à Buénos Aires. Selon ce cadre, le nombre de cas traités par les services sociaux de la communauté juive d'Argentine est passé de 4.000 à 20.000. Ceux qui souffrent le plus sont les personnes âgées, dont l'allocation mensuelle de vieillesse s'élève en moyenne à 150 dollars uniquement, alors que la somme nécessaire pour vivre une vie quelque peu décente est d’environ 400 dollars par mois.
Source : Arouts7
Photos : Univers Torah