
Alors que certains dirigeants de la communauté en Allemagne et en France rejettent l’avis de l'émissaire américain sur l'antisémitisme, qui a dit s’inquiéter des coûts élevés de sécurité, d'autres admettent que la majorité des communautés juives ne peuvent plus assumer les dépenses croissantes.
Depuis les attentats qui ont secoué l'Europe, notamment ceux contre l'Hypercacher à Paris et à Copenhague, les mesures de sécurité mises en place pour protéger les écoles et institutions juives de l'antisémitisme ont été renforcées. Cependant, le coût de ces dispositifs pose des problèmes à certaines communautés qui ne sont pas en mesure d'en assumer les frais.
"C’est pourquoi la plupart des institutions juives sont encore non-protégées", indique le directeur général de l'Association européenne juive, le rabbin Menachem Margolin.

Officier de police devant la synagogue de Copenhague
le 24 février 2015
D'autres dirigeants se sentent par ailleurs plus optimistes quant à leur capacité à gérer le fardeau. "Les coûts sont effectivement élevés, mais les communautés juives en Allemagne sont en mesure de les assumer", assure le président du Conseil central des Juifs en Allemagne, Josef Schuster. Le vice-président du CRIF, Yonathan Arfi, a également précisé que "nous ne sommes pas menacés de faire faillite la semaine ou le mois prochain. Les dépenses de sécurité ont augmenté au cours des quinze dernières années. Mais le problème le plus urgent est la diminution de la population juive, ce qui signifie moins de donateurs. Cela pourrait nuire à l'équilibre financier des écoles juives, par exemple".
Une préoccupation est néanmoins partagée par toutes les communautés juives. "Chaque fois que nous exigeons des autorités qu’elles augmentent les niveaux de sécurité, nous voyons des commentaires antisémites sur des sites web, du genre: “pourquoi le gouvernement devrait prendre soin de vous? Si vous voulez de la sécurité, payez-vous la vous-même”", témoigne le rabbin Margolin. Afri appréhende la même réaction: "Certains médias français ont souligné que le coût du déploiement de troupes pour garder les institutions juives est d’environ un million d'euros par jour. Nous travaillons sur le plan politique pour expliquer qu’il s’agit d’une dépense importante, mais nous sommes inquiets que les gens trouvent quand même les coûts élevés."

Un soldat devant une école juive,
le 12 janvier 2015 à Paris
Gilad convient cependant que "ce n’est pas exact de dire que nous sommes en faillite, mais la situation est très difficile. Nous exprimons nos préoccupations lors de réunions avec des représentants du gouvernement et les autorités régionales et nous essayons de leur montrer que le montant que nous recevons n’est pas suffisant, que davantage de mesures de sécurité sont nécessaires. Nous restons optimistes, mais jusqu'à présent, nous n'avons vu aucun progrès".
Mais même ceux qui nient l'existence d'une crise dans leur communauté reconnaissent que beaucoup plus pourrait être fait pour améliorer le niveau de sécurité. “Notre centre Chabad est grand ouvert", déclare le rabbin Shneor Havlin de Dresde, où de vives tensions ont éclaté ces derniers mois en raison des manifestations massives de PEGIDA (mouvement d’extrême droite, ndlr).

Policiers et militaires placés en permanence
devant la synagogue du Havre
"Nos écoles et jardins d'enfants ont aussi besoin de protection", ajoute le rabbin Yitzchak Mendel Wagner de Krefeld. Ceux qui entrent dans son centre croisent déjà sont entrée à l’épreuve des bombes, des détecteurs de métaux, des caméras et du verre pare-balles. "Pendant l'opération à Gaza nous avions un garde de sécurité qui nous conduisait à la maison parce que les gens criaient contre nous dans la rue. Ce n’est plus le cas aujourd’hui", rassure-t-il, "mais si la situation dégénère de nouveau, je suis sûr que la communauté nous fournira la sécurité nécessaire, peu importe le coût."
Source : i24news