Pourquoi ne faisons pas de Bérakha "Léchèv Basoukka" le 8ème jour de Soukkote ?
Rav Aharon Bieler
La fête de Soukkote (comme celle de Péssa’h) ne compte que sept jours d’après la Tora comme il est dit : « Bassoukote Téchvou Chiv’ate Yamim… » (vous résiderez sept jours dans les cabanes) (1). C’est d’ailleurs le nombre de jours que l’on fête en Erèts Israël.
La fixation du premier jour de la fête (le 15 du mois de Tichri) dépend bien entendu de la détermination du jour de Roch ‘Hodèch (premier jour du mois).
Cette fixation était décrétée à l’époque de la Guémara par le Bèt Dine qui se basait sur les témoignages de personnes qui avaient constaté de visu renouvellement de la lune.
Il fallait par la suite propager la nouvelle en dépêchant des envoyés dans tout le pays d’Israël ainsi que dans la diaspora.
Vous comprenez bien que ces envoyés n’avaient pas toujours le temps d’arriver dans les communautés des pays éloignés avant le 15 du mois. Il en résultait donc un doute quant à la fixation du premier jour de la fête. Ce problème n’est pas particulier à Soukkote mais concerne également Chémini ‘Atsérèt, Péssa’h et Chavou’ote.
Nos sages ont donc décrété de doubler en dehors d’Israël le premier jour de toutes les fêtes afin de pallier à ce doute.
Ce décret persiste même de nos jours bien que les fêtes soient fixées actuellement d’après notre calendrier et non plus d’après des témoignages.
C’est a raison pour laquelle, en dehors d’Israël nous avons deux jours successifs de Yom Tov, ce qui n’est pas le cas en Erèts Israël.
Ce doute se répercute sur le dernier jour de la fête et justifie le huitième jour de Soukkote et de Péssa’h en dehors d’Israël.
Le cas de Soukkote est toutefois particulier, car cette fête est immédiatement suivie par ordre de la Tora d’une autre fête du nom de Chémini ‘Atsérèt, qui comme son nom l’indique, est la fête du huitième jour.
Il se trouve donc que le huitième de Soukkote en dehors d’Israël, est en même temps le dernier jour de la dite fête de Soukkote et le premier jour de la fête de Chémini ‘Atsérèt.
Nos sages (2) ont énoncé la règle suivante concernant les habitants de ‘Houts Laarèts : « on devra résider dans la Soukka, par contre on n’y fera pas la bénédiction de Léchèv Bassouka ». Cette Halakha a été confirmée par les décisionnaires (3)
En effet, il est possible que ce huitième jour soit en fait le véritable septième jour de la fête de Soukkote. Dans le doute on résidera donc dans la Soukka pour ne pas se soustraire à l’obligation éventuelle de réaliser cette Mitsva.
On y fera donc pas la bénédiction car ce serait une manière de dénigrer la sainteté du jour de Yom Tov de Chémini ‘Atsérèt (car on le rabaisserait, par cette déclaration au niveau de ‘Hol Hamo’èd).
Par ailleurs, puisque l’on a expressément déclaré on y faisant le Kiddouch (4) que ce jour était Chémini ‘Atsérèt, on ne pourra pas faire la bénédiction de Léchèv Bassouka et déclarer par là même que ce jour fait partie de Soukkote ce qui apparaîtrait comme une contradiction évidente (5).