Doit on dire la Kédoucha avec l'officiant ?

Le Choul'hane Aroukh, au siman' 125 et au se'if 1 indique que, lors de la Kédoucha, le Tsibbour ne dit pas en même temps que le Chalia'h Tsibbour, "Naqdishakh" (et la suite, bien entendu), mais se tait et écoute avec Kavana ce que dit le Chalia'h Tsibbour.
Cependant, dans Mishna Berura 2.3, il est dit que certains sont "meqilim" à ce sujet. Or, il arrive la plupart du temps que le Chalia'h Tsibbour est complètement couvert à ce moment-là par le Qahal, qui s'époumonne à qui mieux mieux pour dire "Naqdishakh".

Le Gaon de Vilna, dans "Ma'assé Rav", au siman' 44 est catégorique : "Neqaddésh" ou "Na'aritsakh", jusqu'à "ve-amar", n'est dit que par le Shaliakh Tsibbur uniquement et le Tsibbur se tait écoute la Qedushah de la bouche du Shaliakh Tsibbur.

La pratique décrite ci-dessus existant également indistinctement dans les communautés ashkénaz, séfarad et hassidiques, quelle position adopter pour enseigner ce qui correspond à ce qu'écrit le Me'haber ?

Pour ma part, je me tais.
Avremele le Nudnik.

Rav Michael Kottek
Selon toutes les anciennes habitudes, seul le ‘Hazane disait « Nakdichakh » ou « Nékadèch » (selon le rituel), et telle est la Halakha dans le Choul’hane ‘Aroukh (1).
Le Roch (Rabbi Acher ben Yé’hièl, né en 1250) écrit qu’il faut empêcher les fidèles d’élever la voie avec l’officiant pendant la « Kédoucha » (2).
On voit donc que c’était déjà une ancienne coutume de dire la « Kédoucha » avec l’officiant bien que ce fut contesté par les décisionnaires (Roch et Choul’hane ‘Aroukh).

Comment se fait-il que l’habitude ait changée ?
Le Taz (Rabbi David Halévi, grand commentateur du Choul’hane ‘Aroukh, né en 1586) rapporte cette habitude et pense qu’il n’y a aucun problème à dire la Kédoucha avec l’officiant (voir les raisons dans le Taz en question) (3).

Le principal partenaire de cet avis est le « Ari zal » (Rabbi Its’hak Louria, né en 1534). Dans le livre « Cha’ar Hakavanote » (chap.3), il est rapporté que l’on doit dire toute la « Kédoucha » avec le ‘Hazane de la manière suivante :
Les mots « Nakadichakh véna’aritsakh » à voie haute, et jusqu’à « Kadoch » à voie basse avec le ‘Hazane (voir le Maguène Avraham sur ce sujet dans le Choul’hane ‘Aroukh, voir également le Kaf Ha’haïm 125,2 qui explique, qu’il y a une divergence de vue è ce sujet, et qu’il faut suivre ici les enseignements du « Ari Zal »).
Notre habitude aujourd’hui est donc basé sur le « Ari Zal », mais pas exactement comme il le décrit, puisque nous disons jusqu’à « Kadoch » à voie haute.
Selon le Michna Béroura (125, 2), la meilleure façon de procéder est comme l’indique le Choul’hane ‘Aroukh.

Il rapporte néanmoins que l’on a pris l’habitude de dire « Nakdichakh » ou « Nékadèch » avec l’officiant. C’est donc de nos jours l’habitude aussi bien chez les Séfaradim que les Achkénazim et il convient de ne pas se différencier du public.

Il faut noter toutefois que certaines communautés Achkénaz ont gardé l’ancien « Minhag » (voir dans le livre Chorché Minhag Achkénaz tome 1, 23/46).

Kol Touv
1) Ora’h ‘Haïm chap. 125 par. 1
2) Responsa Roch 4/19
3) Choul’hane ‘Aroukh ,Ora’h ‘Haïm chap. 125 par. 1