L’officiant qui prononce mal

Une personne qui prononce mal l'hébreu (les ‘Hèt et les Kaf prononcés Rèch, pas de ‘Ayne...) peut elle faire « Chalia’h Tsibour » (officiant) et peut-on s'acquitter de sa Téfila (prière) ?

Rav Aharon Bieler
Il est exact que nos Sages (1) ont indiqué que l’on ne devait pas nommer un « Chalia’h Tsibour » (officiant) qui prononçait les « ‘Aïne » comme des « Alèf » et inversement.
A savoir que le son du « ‘Aïne » est plus guttural que le « Alèf » et provient du fond de la gorge (2).

Cette interdiction est confirmée au niveau de la Halakha par les Richonim (Premiers décisionnaires) (3) et le Choul’hane ‘Aroukh (4).

Il en est de même pour celui qui ne fait pas la différence entre le « Hé » et le « Alèf » et inversement (5).

Ou encore ceux qui ont du mal à parler en général qui bégayent ou qui prononcent le « Sine » à la place du « Chine » et inversement.

Pour une meilleure perception de la prononciation voir notre dossier sur
L'HÉBREU EN PHONÉTIQUE .

A priori on ne le fera pas officier, même de façon occasionnelle (6).
Certains permettent malgré tout dans des occasions exceptionnelles tel que pour un « Yartsaïte » afin de ne pas faire honte à la personne (Michoum Kvod Habéryote) (7).

Il n’est par contre nulle part mentionné, que à postériori (Bédi’avad) on aura pas été quitte de la prière avec un tel « Chalia’h Tsibour ».

En règle générale, on ne lui permettra d’officier, et uniquement occasionnellement, que si en faisant des efforts, il parvient à prononcer correctement.
Si, même en faisant des efforts il n’y parvient pas, on ne le nommera que s’il n’y a personne d’autre pour officier à sa place (8).

Notons que certains considèrent que si la personne qui ne prononce pas correctement est un « Talmid ‘Hakham » (érudit) se trouve dans une communauté composée de « ‘Amé Haarèts » (ignorants), il pourra être « Chalia’h Tsibour » car on considère que l’on se trouve dans un cas où il n’y a personne d’autre que lui pour officier (9).

Toutefois, dans les endroits où tout le monde parle ainsi (En faisant des erreurs de prononciation) ce sera permis (10).
Ce cas est très fréquent de nos jours surtout en ce qui concerne la prononciation des « ‘Aïne », « Alèf » et « Hé » (11).

En effet, de nos jours, nombreux sont ceux qui ne sont (malheureusement) pas pointilleux sur la prononciation. On sera donc beaucoup plus tolérant dans ce cas.

Kol Touv
1) Guémara Méguila 24b
2) Voir Michna Béroura chap.53 alinéa 37
3) Rambam Hilkhote Téfila chap.15 Halakha1
4) Ora’h ‘Haïm chap.53 par.12. Voir aussi : Choute Ha Radbaz tome 1chap.394 ; Maguen Avraham chap.53 alinéa 15 ; Éliahou Rabba chap.53 alinéa17 ; Béèr Étèv chap.53 alinéa 17 ; Choul’hane ‘Aroukh Ha Rav alinéa 16 ; Kaf Ha ‘Haïm chap.53 alinéa 59 et Michna Béroura chap.53 alinéa 37
5) Méguila 24b ; Michna Béroura chap.53 alinéa 37 ; Halakha Béroura chap.53 par .24
6) Halakha Béroura chap.53 par .24 au nom du Biour Halakha début de citation « Én Mémanim »
7) Choute Péri Hassadé tome 1 chap.65
8) Ainsi qu’il ressort du Biour Halakha début de citation « Én Mémanim » ; Kaf Ha’haïm chap.53 alinéa 61 ; voir aussi Piské Téchouvote tome 1chap.53 par.14
9) Kaf Ha’haïm chap.53 alinéa 61au nom du Mor Ouksi’a ; Piské Téchouvote tome 1chap.53 par.14 note 104
10) Choute Ha Radbaz tome 1chap.394 ; Maguèn Avraham chap.53 alinéa 15 ; Michna Béroura chap.53 alinéa 37
11) Voir Piské Téchouvote tome 1chap.53 par.14