La meilleure manière de donner la "Tsédaka"

J'ai donné mon Ma'assèr à un ami qui vient de se marier et qui etudie au kollèl en Israel. Il n'a pratiquement aucun moyen financier ! Le probleme est que depuis que je lui ai donné cette argent, il me remercie tout le temps. Cela n'enleve-t-il pas à la Mitsva sa valeur ? Dois-je redonner mon Ma'assèr à un autre pauvre mais de maniere anonyme cette fois ci ?
Merci

Rav Aharon Bieler
Il existe effectivement des degrés (huit degrés d’après le Rambam) dans l’accomplissement de la « Tsédaka ». (1)
La manière la plus parfaite de soulager un nécessiteux est de lui faire un don sous forme de cadeau, car c’est l’habitude entre amis de se faire des cadeaux.
Au même niveau de perfection, il y a la possibilité de s’associer avec lui dans une activité ou de lui procurer un travail.
Ici, l’acte de Tsédaka est « camouflé » et n’engendre aucune gêne chez le bénéficiaire.

Le deuxième niveau consiste à donner sans savoir à qui l’on donne. De même, celui qui reçoit ne sait pas d’ou vient le don. Donner à une caisse de « Tédaka » fait partie de ce niveau. Il n’y aura alors aucun lien entre le donneur et le receveur dont la gêne sera réduite au maximum.

Dans le troisième niveau, le donateur sait à qui parvient le don, mais le nécessiteux ne sait pas d’ou il provient et ainsi de suite…

Nous voyons donc que le degré de perfection dans la réalisation de la Mitsva est exclusivement lié au fait d’éviter de faire honte à celui qui reçoit.
Donner dans les meilleures conditions pour le nécessiteux, tel est le but que celui qui fait la Mitsva, doit rechercher.

Il serait donc aberrant de faire un malheureux, en le privant de l’aide que vous lui apportez, sous prétexte que vous puissiez monter d’un degré dans la réalisation de la Mitsva. C’est l’intérêt de l’autre que vous devez rechercher. Pas le votre ! Votre mérite n’en sera que plus grand.

D’autre part, vous devez réaliser que vous donnez à un nécessiteux qui habite en Israël pour lui permettre de monter son foyer et d’étudier la Tora ! Il est difficile de faire mieux.
Reportez vous à la question 131 (Pour y accéder cliquez ici) quant à l’ordre de préséance de ceux qui reçoivent les dons.

Par ailleurs, il est rapporté dans la halakha que lorsqu’on donne à un pauvre en particulier on ne doit pas changer pour donner à un autre pauvre à sa place. (2) (sauf d’après certains lorsqu’on change pour donner à un proche de sa famille.)

Kol Touv

1) Rambam Hilkhote Matanote ‘Aniim chp. 10 Halakha 7
2) Voir Choute Bèt Chélomo Yoré Dé’a, tome 2 chap.99; Chakh Yoré Dé’a, chap.257 alinéa 11et 13