A partir de quel âge commencer à éduquer les enfants


Chalom,

J'aurais voulu savoir à partir de quel âge doit-on commencer à faire attention aux Mitsvote (la Tsni'oute, manger du lait apres la viande etc...) pour un enfant ?
Merci et je vous remercie pour ce travail extraordinaire que vous faites.




Rav Aharon Bieler
Bien que la Tora ait dispensé les enfants mineurs (avant la Bar Mitsva) de toutes les Mitsvote, il existe néanmoins une Mitsva de « ‘Hinoukh » (d’éducation à la pratique des Mitsvote concernant les enfants avant l’age de la Bar Mitsva).
Cette obligation commence dés que l’enfant peut comprendre la signification de la Mitsva. (1)

Nos sages dans leur profonde sagesse comparent l’éducation à l’écriture : Celui qui enseigne à un enfant à quoi peut-on le comparer ? A de l'encre (de l'écrit) imprégné sur du parchemin neuf. Mais celui qui enseigne à un vieillard à quoi peut¬ on le comparer ? A de l'encre (de l'écrit) imprégnée sur du parchemin maculé. (2)

De tout temps, nos Sages se sont préoccupés d'apprendre la Tora aux enfants dès leur jeune âge. C'est ainsi que nous lisons dans la Guémara (3) « Dès l'âge où l'enfant commence à parler, son père lui apprendra la Tora et lui fera réciter le « Chéma’ ». La Tora c'est le verset : « La Tora que Moché nous a ordonnée, elle est un héritage pour la communauté de Jacob ». Quant au « Chéma’ », il lui en appren¬dra pour commencer, le premier verset ».
C'est que les impressions reçues dès le premier âge, lorsque le coeur est encore pur et que l'esprit est libre de toute préoccupation profane, s'imprègnent profondément dans l'âme de l'enfant et resteront. Elles seront indélébiles comme l'écriture sur du vélin neuf.

Dans les Avote de Rabbi Natane (4), notre auteur est plus explicite encore dans sa manière d'apprécier l'en¬seignement reçu par l'enfant dans son jeune âge. Voici ce qu'il dit à ce sujet : « Celui qui apprend la Tora étant jeune, les paroles de la Tora pénétreront jusque dans son sang, et il saura les expliquer clairement ; celui qui l'apprend étant vieux ne les assimilera pas et ne pourra pas les ensei¬gner à son tour ».
Et l'on peut citer à ce propos les paroles de Rabbi Chim’one bar Yo'haï : « Heureux l'homme qui a acquis sa Tora dès sa jeunesse ».

Ainsi il faudra apprendre à un enfant le premier verset du « Chéma’ Israël » des qu’il saura parler (5).
Plus tard vers l’age de 6 à 7 ans il faudra lui faire réciter tout le « Chéma’ » (6).

En ce qui concerne le temps d’attente entre la viande et le lait :
a)jusqu’à l’age de trois ans, il n’est pas nécessaire d’attendre ; il suffit de rincer la bouche à l’enfant ou de lui donner à boire (7)
b) de trois à 5 ans, il suffit d’attendre une heure
c) à partir de 5 ans, il faudra l’habituer à attendre 3 heures, puis vers l’age de 10 ans, on les obligera à attendre 6 heures

En cas de besoin sérieux, on pourra être plus souple et raccourcir les délais. (8).

En ce qui concerne la « Tsni’oute » (comportement pudique), il est conseillé d’habituer les petites filles à s’habiller sobrement et de manière pudique à partit de l’age de 6 ans.
C’est ce rapporte le Kountrass Diné Malvouché Nachim (9), qui précise que l’éducation concernant les lois de pudeur est considérée comme une Mitsva positive qui commence à l’age du ‘Hinoukh.

Il est toutefois recommandé de commencer à inculquer ces notions à partir de l’age de trois ans. En effet, certains pensent que l’on doit habituer un enfant à pratiquer les Mitsvote même avant l’age de l’éducation, c'est-à-dire, bien qu’ils ne soit pas encore en age de comprendre le concept de la Mitsva à laquelle on l’habitue. (10)

Il est rapporté dans Michna Béroura (11), que l’éducation aux Mitsvote positives dépend de chaque enfant, de sa vivacité et de sa maturité d’une part, du type et de la nature de la Mitsva, d’autre part.
Il n’y a donc pas « un » âge de l’éducation. Tout dépend de l’enfant et de la Mitsva.
Les âges qui sont donné comme références ne sont donc que des indications quand à l’âge moyen d’un enfant qui arrive à percevoir le sens d’une Mitsva donnée.

Il faut préciser par ailleurs, que dans tous les domaines de l’éducation on a l’obligation d’enseigner à l’enfant comment réaliser la Mitsva selon toutes les règles de Kacheroute (12)
Ainsi, il est indispensable d’acheter, à Soukkote, un Loulav Kachèr à tous points de vue.

D’autre part, il est interdit d’entraîner un enfant de transgresser une interdiction même avant l’age du ‘Hinoukh (13). Voir à ce propos la question No 90 «Mettre de la musique pour un enfant en bas age, pendant le 'Omèr » Pour y accéder cliquez ici
Ainsi, certains pensent que l’interdiction du port du pantalon commence avant l’age de l’éducation. (14)

Kol Touv
1) Yoma 83a
2) Pirké Avote chap. 4 Michna 25.
3) Soukka 42a
4) Chap. 24
5) Michna Béroura chap. 70 alinéa 7
6) Choul’hane ‘Aroukh Ora’h ‘Haïm chap. 70 par. 2
7) Chévèt Halévi tome 4 par. 4
8) Séfèr Hakacheroute chap. 20 par. 23
9) page 13 et 14
10) Voir Chémirate Chabbate Kéhilkhéta première édition page 311 note 43
11) Chap. 43 alinéa 3 ; Voir aussi le Choute Iguérote Moché Évèn Ha’ézèr tome chap. 57
12) Séfèr ‘Hinoukh Lana’ar chap. 2 par. 4 et Chémirate Chabbate Kéhilkhéta page 314
13) Michna Béroura chap. 342 alinéa 3
14) Choute Min’hate Its’hak tome 2 chap. 108