La Kippa : L'enlever ou pas ?

Bonjour Rav,
Le port de la Kippa est à l'ordre du jour en France. Les avis s'opposent et on ne sait plus vraiment ou on en est!
Est ce une obligation? Que faire dans la situation actuelle ?
Merci d'avance pour votre réponse.

Rav Aharon Bieler
Il faut tout d'abord essayer de comprendre quelle est la raison du port de la Kippa.
La Guémara (1) nous rapporte que Rav Houna Bré Dérav Yéhochou'a ne se déplaçait pas sur une distance de 4 Amote (2 mètres) sans avoir la tète couverte. Il explique son comportement du fait de la présence Divine au dessus de sa tète. Cet enseignement est rapportés dans d'autres endroits dans la Guémara (2).

Ceci fait immédiatement suite dans la Guémara à l'affirmation de Rabbi Yéhochou'a Ben Lévy selon laquelle il est interdit de se déplacer 2 mètres avec une démarche droite et rigide (sous entendu, révélatrice d'une attitude fière, voire orgueilleuse) car on doit avoir un comportement humble devant D-ieu qui est omniprésent.

Ces deux comportements viennent nous enseigner que le juif doit toujours agir avec humilité et crainte de D-ieu et avec la conscience de l'omniprésence de D-ieu au dessus de lui. C'est le rôle de la Kippa qui est le signe de la soumission de l'homme envers son Créateur.

Ces deux lois ( Humilité et tète couverte) sont rapportées en même temps dans le Choul'hane 'Aroukh (3) dans ces termes : "Il est interdit de marcher 2 mètres en se tenant "droit" et on ne marchera pas 2 mètres sans avoir la tète couverte.

Certains décisionnaires considèrent que le fait de se couvrir la tête est une obligation d'après le sens stricte de la loi (4). Certains pensent même qu'il conviendrait de se couvrir la tète même si l'on marche moins de 2 mètre (5) et même lorsque l'on dort (6). Le livre Pisské Techouvot (7) affirme que selon la majorité des décisionnaires contemporains, il est interdit selon la loi stricte de rester la tête découverte si cela n’est pas nécessaire)

Par contre de nombreux décisionnaires sont d’avis qu’il ne s’agit que d’un acte de piété (8).

De même, dans cette optique, il est admis que pour des raisons professionnelles, il est permis de rester sans Kippa (9).

A noter que certains affirment que l'obligation de se couvrir la tète à tout moment n'incombent qu'aux "Talmidés 'Hakhamim" (Érudits en Tora) (10). Pour les autres il ne s'agit que d'un acte de piété.

Bien entendu, l'obligation de se couvrir la tète est absolue quand on étudie la Tora ou quand on invoque le Nom de D-ieu au moment d'une bénédiction ou lorsque l'on prie.

En dehors de ces cas précis, tous les décisionnaires s'accordent à dire que s'il existe une situation de danger avéré, il sera permis de marcher dans la rue sans Kippa.

Bien entendu, si l'on juge qu'il est possible de remplacer la kippa par une casquette par exemple, sans courir plus de risque, ce sera bien sur préférable.

C'est pourquoi la décision du port de la Kippa, sera du ressort de chacun. Chaque personne devra juger du danger potentiel en fonction du quartier habité ou traversé, de l'heure du trajet etc.

Quoiqu'il en soit, bien que le fait d'avoir la tète couverte soit une Mitsva à part entière, et le symbole de la revendication de son judaïsme, quelqu'un qui ressentirait la crainte d'un danger quelconque aura parfaitement le droit de circuler sans couvre chef.

IL FAUT BIEN COMPRENDRE QUE JE N'AI NULLEMENT CONSEILLÉ D'ENLEVER LA KIPPA ! J'AI SIMPLEMENT DIT QUE DANS CERTAINS CAS, C'EST UNE POSSIBILITÉ PERMISE PAR LA HALAKHA !!!

Kol Touv
1) Kidouchine 31a
2) Chabbate 118b et 156b, Nédarim 30a
3) Orah’ 'Haïm Chap. 2 par.6
4) Le Michna Béroura alinéa 11 rapporte le Taz Chap.8 alinéa3 pour qui l'interdiction s'applique même lorsqu'on se trouve à la maison
5) Maguèn Avraham
6) Chla Hakadoch
7) Tome I, p. 24 note 53
8) Chéérite Yossef tome I, p. 22 ; Halakha Béroura tome I, p.30 ; Yé'havé Da'ate tome 4 Chap. 1 qui précisent qu'en Israël, de nos jours il y a lieu d'être plus pointilleux car le fait de se couvrir la tête marque notre appartenance au public religieux respectueux de la Torah et des Mitsvote
9) Moché Feinstein tome 4, resp. 2
10) 'Hida citant le Zohar; Kaf Ha'hïm
11(Michna Béroura Chap.2 alinéa 12