Chalom Rav,

Je voulais vous poser quelque questions concernant le respect des Minhaguim.
Je suis d'origine marocaine (par mon père) et j'ai été élevé dans une famille traditionaliste, non religieuse. Mon frère et moi sommes revenus à la religion vers l'âge de 9-10 ans (j'ai 24 ans actuellement).
Cela fait que je n'ai pas eu la connaissance de la totalité des Minhaguim du maroc (ce qui est loin d'être le cas).
Le problème est le suivant: au niveau de mon étude des Hala'hot, mes livres principaux étaient toujours le Choul'hane Arou'h, le Yalkout Yossef. Or, premièrement, même entre ces deux ouvrages, il y a quelque fois des Hala'hot qui ne sont pas les mêmes. De plus, le Yalkout Yossef suit l'enseignement du Choul'hane Arou'h dans l'ensemble, mais il suit la manière de se comporter en Edout Hamizra'h or les juifs originaires d'Afrique du Nord ont de nombreux Minhaguim qui sont différents de ceux énoncées dans le Yalkout Yossef! Et même au niveau des Hala'hot, j'ai vu et entendu que de nombreuses Hala'hot sont très différentes (indépendemment des Minhaguim).
Ma question centrale est la suivante: Quelle doit être mon choix au niveau du comportement Hala'hique? Si je choisis le Yalkout Yossef, dois-je le faire jusqu'au bout et même au niveau des Koulot et des Minhaguim? Car si je suit un Possek, il faudrait que je le suive jusqu'au bout! De plus, si je suis mon Minhag marocain, faudrait-il que j'achète les responsa du Rav Chalom Messas (Vezara'h hachemech) pour tout suivre dans la totalité? Et comment faire si dès fois certaines de ses lois ou Minhag ne vont pas comme la majorité?
Enfin, si j'étudie la Guemara ou le Rambam (pour accomplir la Mitsva de l'étude), parfois il est difficile de savoir comment se comporter concrétement car il y a des hala'hot tranchées qui ne vont pas forcément comme notre Minhag ou lois que l'on doive suivre (d'après le Rov etc). Comment faire? J'avoue que tout ca me trote dans mon esprit.

Merci pour votre réponse et pour votre site

Rav Aharon Bieler
La source de toute les lois concernant les Minhagim se trouvent dans les deux versets suivants :
1) Écoute mon fils les remontrances de ton père, ne délaisse pas les enseignements de ta mère (Michlé 1, 8).
2) Interroge ton père, il t’apprendra (Dévarim 32,7).

Bien que vous n’ayez pas reçu d’éducation religieuse, il vous incombe de suivre les Minhaguim de vos ancêtres (surtout si vous habitez en France ou le Minhag Marocain est particulièrement répandu).
La Guémara (Péssa’him ) énonce un principe de base: « nous n’avons jamais trouver de raisons de changer un minhag en dehors des cas ou ce minhag présente un problème halakhique ». Principe qui est repris par de très nombreux Responsa dans leur argumentaire pour inciter à perpétuer un Minhag.

Il va sans dire que le judaïsme Marocain est un judaïsme qui est bâti sur des générations de « Talmidé ‘Hakhamim » et sur lequel on peut s’appuyer. On peut rappeler au passage que, même avant l’expulsion des juifs d’Espagne, au 16ème siècle, le Maroc comptait plusieurs centres d’étude de haut niveau. Le rav Yossef Bénaïm zatsal, répertorie dans son livre « Malkhé Rabbanane », prés de 1700 ‘Hakhamim auteurs de livres ou reconnus pour leur érudition.

Ceci dit , il faut préciser quelques principes fondamentaux.
- Personne, à notre époque, ne peut déduire la halakha des « Richonim » (premiers décisionnaires) comme le Rambam, Rif, Roch, etc., et encore moins directement de la Guémara.
- La halakha nous est donnée par les « A’haronim » (derniers décisionnaires), et parfois même contre le Choul’hane ‘Aroukh (ce qui explique les divergences que vous avez constaté).

- Le Choul’hane ‘Aroukh reste bien évidemment ,l’ouvrage de base dans l’étude de la Halakha.
Sans abandonner l’étude du « Yalkout Yossef », vous pouvez vous référer, pour la halakha, au livre « Maguen Avote », qui suit l’ordre du Choul’hane ‘Aroukh en rapportant les Minhaguim Marocains. Cela sera pour vous, beaucoup Plus aisé que de consulter les livres Rav Chalom Méssas zatsal.

En ce qui concerne le fait de suivre un rav, aussi bien dans les « koulote » que dans les « ‘Houmrote », cela ne semble valable, que si c’est un rav auquel vous vous êtes attaché et qui vous enseigne directement. S’il s’agit d’un livre qui est le support de votre étude, il y a lieu d’être moins pointilleux.

D’autre part vous remarquerez que souvent, le Yalkout Yossef après avoir tranché la halakha (d’après le sens stricte de la loi) dans le sens de la « koula », emploie l’expression : « Ha ma’hmir tavo ‘alav bérakha » (le fait d’être plus pointilleux sera une source de bénédiction ). Cela laisse la porte ouverte aux ‘houmerote.

Kol touv et bon Limoud