Un malade mental et la pratique des « Mitsvote »

Chalom cher Rav,

Doit-on se soucier de procurer de la nouriture Kachèr à une personne qui se trouve en hôpital psychiatrique pour troubles psychologiques graves (schyzophrénie) ? Doit-on lui procurer des Téfiline?
Merci pour vos réponses toujours très détaillées et précises.

Rav Michael Kottek
Il faut tout d’abord savoir si un malade mental a l’obligation d’accomplir les Mitsvote ou pas.
D’après le ‘Hatam Sofèr (1) un jeune malade en dessous de la Bar Mitsva qui a été interné n’a pas l’obligation de manger Kachèr, mais il devra sortir de son internement à l’age de 13 ans.
Toutefois il conclut qu’il serait préférable de ne pas l’interner pour éviter qu’il ne soit nourri d’aliments non Kachèr.
Néanmoins, pour le Iguérote Moché (2) le cas de figure rapporté par le ‘Hatam Sofèr concerne un attardé mental léger, par contre s’il s’agit d’une personne atteinte de déficience mentale lourde et incurable, il pourra se nourrir de produits non Kachèr même après la Bar Mitsva, car il n’a aucune obligation par rapport aux Mitsvote.

Considérons le cas d’une personne qui aurait été interné car elle risque de se suicider ou de mettre d’autres personnes en danger :
Selon le Iguérote Moché (3), si la nourriture n’est pas Kachèr, le malade ne pourra en consommer que ce qui est indispensable à sa subsistance (Pikoua’h néfèch).
Par contre il n’aurait pas le droit de manger des aliments non Kachèr qui ne font pas partie de son alimentation de base. Ainsi toute alimentation non Kacher en surplus se sera interdite.
Par conséquent dans la pratique il faudra lui procurer de la nourriture Kachèr ou ne pas l’interner.
Cependant le Rav Chlomo Zalmane Auerbach (4) pense qu’une personne internée pour une raison de force majeure peut se nourrir de produits non Kachèr même si c’est en plus de ce qui est nécessaire à sa subsistance.

Nous vous avons apporté ici les avis généralement exprimés selon l’état mental de l’interné.
Il est évident que nous ne pouvons pas nous prononcer clairement sur cette question. Le cas devra être suivi par un décisionnaire qui devra auparavant consulter les psychiatres traitant le malade pour évaluer précisément son l’état mental.

En ce qui concerne les « Téfiline », il faudrait à priori, pour pouvoir les mettre, être sain d’esprit et hygiéniquement propre.
Si le malade n’est pas en état de les mettre tout seul et qu’il risque de ne pas les mettre comme il convient, ce qui serait méprisable, il serait préférable qu’il ne les mette pas. (5)

Kol TouV
1) Ora’h ‘Haïm Chap. 83
2) Ora’h ‘Haïm tome 2 chap. 88
3) Yoré Dé’a tome 2 chap. 59
4) Choul’hane Chélomo Réfoua tome 3- 148 et Min’hate Chélomo résponsa 7,4
5) Choul’hane ‘Aroukh Ora’h ‘Haïm chap. 38 et 40