Le Kiddouch quand on à des invités

Kvod harav,
Tout d’abord, bravo pour le nouveau look du site.
Quand on a des invités vendredi soir qui ne font pas eux-mêmes le Kiddouch, mais sont « Yotsé » (acquités) par mon Kiddouch, comment doit-on faire avec le verre de vin?
Si les invités veulent goûter du vin mais qu’il n y en n’a plus dans mon verre, peut-on rajouter du vin de la bouteille dans un autre verre?
Les invites devront-ils alors faire 'Boré Péri Hagafen', ou seront-ils « Yotsé » par ma bénédiction?
Est-ce une nécessité pour les invités de goûter au vin?
Merci,
Haim

Rav Aharon Bieler
Pour s'acquitter de la Mitsva du Kiddouch de Chabbate et de Yom Tov (celui de la nuit comme celui du jour), il est nécessaire de boire la quantité minimale de "Rov Révi'ite" de vin soit la majorité d'un Révi'ite.
Un Révi'te correspond à 86 décilitre. Il faudra donc boire au minimum un peu plus 0,43décilitre (1).
En effet, nos sages ont imposées cette mesure, car cette quantité est suffisamment importante pour créer un certain bien être chez celui qui la boit (2).
A noter que ce verre lui-même doit avoir une contenance minimale de 0,86 décilitre (3).

Celui qui fait le Kiddouch pourra acquitter toutes les personnes qui l'écoutent à condition qu'elles aient elles-mêmes l'intention de se rendre quitte de cette Mitsva par sa bénédiction. Voir le détail de cette condition dans la question 650 Garder le reste du vin du Kiddouch pour le lendemain .

Toutefois, les autres personnes n'auront aucunement l'obligation de boire la quantité de "Rov Révi'ite". Elles ne seront même pas tenues de goûter au vin (4).
Par contre, pour réaliser la Mitsva de belle manière et de montrer son attachement à celle ci, il est préférable d'y goûter et tel est le Minhag chaque fois que cela est possible (5).

La coutume la plus répandue, est donc que celui qui fait les bénédictions, après avoir bu, partage le reste de son vin dans les verres des convives (6).

Ce procédé pose néanmoins un petit problème. En effet, il faut prendre en considération qu'un verre de vin dont on a déjà bu devient impropre à la réalisation du Kiddouch.
Il est d'ailleurs qualifié par le terme de "Koss Pagoum" (littéralement verre abîmé). Ce qui signifie que le vin, du fait qu'il a déjà été goûté est considéré comme altéré et ne peut plus servir à la Mitsva.

Il faudra donc le rendre de nouveau apte à la Mitsva en y rajoutant du vin de la bouteille avant de le servir aux convives.
Bien que ces derniers n'aient pas l'obligation de boire, il convient à priori qu'ils consomment d'un vin en provenance d'un verre qui n'est pas "Pagoum" (7).
On pourra aussi remplir à nouveau le verre du Kiddouch même si la quantité rajoutée est supérieure à celle qui est restée dans le verre (8).

Si les convives sont très nombreux, on pourra après avoir versé du vin de la bouteille dans le verre de Kiddouch, reverser le tout dans la bouteille et servir les hôtes directement de la bouteille (9).

Une autre méthode consisterait à verser un peu de son vin dans les autres verres, après avoir fait la bénédiction, mais avant même d'avoir bu soit même.
Cela présente l'avantage de distribuer aux convives le vin de la bénédiction qui provient d'un verre qui n'est pas "Pagoum", puisqu’il n’a pas encore été gouté (10).
Cette façon de faire est parfois utilisée lorsque le maître de maison fait le Kiddouch en présence d'invités qui pourraient être gêné de boire le reste d'un vin déjà consommé.

Enfin, citons la possibilité de servir du vin à chacun des convives avant même de faire le Kiddouch, ce qui résout tous les problèmes de quantité. Cette méthode, bien que parfaitement valable, n'est pas la meilleure car les autres personnes ne profiteront pas directement du vin de la Mitsva. Elle est pourtant employée quand sont réunies des personnes étrangères qui pourraient être dérangées par le fait de boire d'un vin déjà goûté (11).
Il est à noter que dans ce cas les convives devront attendre, avant de goûter, que celui qui a fait la bénédiction ait lui-même bu (12).

Dans tous les cas, les personnes qui ont eu l'intention de s'acquitter par la bénédiction de l'un d'entre eux, n'auront pas à refaire la bénédiction avant de boire à condition qu'elles ne se soient pas interrompues par la parole entre temps.

Bien qu'une personne qui s'acquitte de la Mitsva du Kiddouch par la bénédiction d'un autre, n'ait pas l'obligation de goûter au vin, il est préférable qu'elle le fasse pour réaliser la Mitsva de la plus belle manière.

Elle n'aura pas à refaire la bénédiction avant de reboire si elle ne s'est pas interrompue par la parole dans l'intervalle.

La coutume est que celui qui fait les bénédictions, après avoir bu, remplisse à nouveau son verre du vin de la bouteille, puis le partage dans les verres des convives.

Kol Touv

1) Choul'hane 'Aroukh Ora'h 'Haïm chap. 271 par. 13
2) Michna Béroura chap. 271 alinéa 65; voir aussi le Cha'ar Hatsiyoune alinéa 65
3) Choul'hane 'Aroukh Ora'h 'Haïm chap. 271 par. 11 et Michna Béroura chap. 183
alinéa 9
4) Michna Béroura chap. 271 alinéas 71 et 83; Ksote Hachoul'hane chap. 46 par.11
5) Choul'hane 'Aroukh Ora'h 'Haïm chap. 271 par. 14
6) Voir Piské Téchouvote Chabbate chap. 271 par. 11
7) Michna Béroura chap. 271 alinéas 83
8) Badé Hachoul'hane note 31 sur le Ksote Hachoul'hane chap. 46
9) Cela aura également comme avantage de satisfaire tous les avis quant à la manière de "réparer" un "Koss Pagoum". Voir à ce propos Piské Téchouvote Chabbate chap. 271 par. 11
10) Choul'hane 'Aroukh Ora'h 'Haïm chap. 271 par. 17; Michna Béroura chap. 271 alinéa 82; voir le Badé Hachoul'hane note 31 sur le Ksote Hachoul'hane chap. 46, selon lequel c'est ainsi qu'il faudra procéder à priori car les convives boiront ainsi d'un verre qui n'a jamais été "Pagoum"
11) Yalkoute Yossèf chap. 271 par. 38
12) Michna Béroura chap. 271 alinéas 80 et 81, sauf dans le cas où chacun des convives a devant lui un verre contenant un Révi'ite de vin.