Pourquoi se marier en blanc ?

Bonjour,

Pouvez m’expliquer pourquoi les femmes ont l’habitude de se marier en blanc. Il me semblait pourtant que c’était un usage propre aux non juifs. De plus, je crois me souvenir que la Guémara parle de vêtements de couleur, à propos des robes de mariées de leur époque.

Que dire des vêtements de mariage des femmes en Afrique du nord ?

Merci de votre réponse

Rav Aharon Bieler
L’habitude dans les communautés de rite Ashkénaze a l’époque des Richonim (Premiers décisionnaires) (1) était que le ‘Hatane soit habillé de blanc le jour de son mariage et même revête un Talite blanc.


Certain avait l’usage de revêtir le Hatane du « Kittel » au moment ou il se trouve sous la « ‘Houpa » (Dais nuptial) (2). Le « Kittel » est un vêtement blanc qui sert ordinairement de linceul et que certains ont la coutume de porter le jour de Roch Hachana et de Kippour afin de se rappeler le jour de la mort, ce qui incite à faire Téchouva (se repentir).

Il en est de même pour le « ‘Hatane » (le marié), pour qui ce jour particulier marque un nouveau départ dans la vie ou toutes les fautes passées sont effacées. Il lui est donc tout à fait recommandé de se repentir à cette occasion (3).

Pour cette même raison, certains (le « ‘Hatane » et la « Kalla ») ont l’habitude de jeuner ce jour là jusqu’après la « ‘Houpa » (4). Notons que ce Minhag n’est pas répandu dans les communautés Séfarad.

Dans le même état d’esprit, la Guémara (5) rapporte que le « ‘Hatane » fait parti des personnes à qui les fautes sont pardonnées. Or, les vêtements blanc sont un signe du pardon, comme il est écrit (6) « Vos péchés fussent-ils comme le cramoisi, ils peuvent devenir blanc comme neige ».

En fait, le Minhag de porter le Kittel, est rapporté par le Radbaz (7), qui précise qu’il s’agit là d’une très ancienne tradition égyptienne.

Il fait par ailleurs mention d’une autre motivation à cette coutume, qui se base sur le verset de Téhillim (8) « réjouissez-vous avec tremblement ». Ce qui signifie que même dans de telles occasions, où les réjouissances atteignent leurs plus hauts niveaux (comme dans les mariages), on doit toujours avoir à l’esprit la crainte de crainte de D-ieu (9)

Une autre raison vient justifier ce Minhag : en allusion au verset de Kohélet (10) « Qu’en tout temps tes vêtements soient blancs… » (11)

Aujourd’hui les ‘Hatanime ne s’habillent plus en blanc, mais dans certaine communauté Achkénaz, le marié porte au moment de la ‘Houppa le « Kittel » par dessus ses vêtements.


Pour les raisons citées plus haut, la coutume veut que la Kalla soit habillée de blanc le jour de son mariage.
Le Maharil mentionne d’ailleurs que celle-ci a également pour habitude de revêtir un vêtement blanc du nom de « Charnguèz » (12)

Toutefois, certains (peu nombreux) ont l’usage de ne pas s’habiller tout à fait en blanc pour ne pas calquer nos coutumes sur celles des non-juifs (« ‘Houkote Hagoïm ») (13).

En ce qui concerne les mariages en Afrique du nord, il semble bien que la coutume fut, de se marier en blanc.
Votre confusion provient sans doute du fait que le mariage était régulièrement précédé de la cérémonie du « Henné » au cours de laquelle la mariée apparaissait vêtue d’un habit aux couleurs chatoyantes paré de broderies diverses.

Kol Touv
1) Voir la Guémara Chabbate 114a ; Maharits Guéot Hil’khote Avél page 255 rapporté par le Roch sur Moéd Katane chap. 3 par. 94 et par le Rambam dans Torate Haadam dans le sujet : Éspèd ; choute Haradbaz tome2 chap. 693 qui précise qu’il s’agit d’un ancien Minhag égyptien et Kol bo par.75 qui mentionne un Talite blanc
2) Maté Moché p. 218
3) Voir Yalkoute Yossef, Sova’Séma’hote page 52
4) Rama Evène Ha’ézèr chap.61
5) Yébamote 63 et Talmoud Yérouchalmi Bikourim chap. 3 par.3
6) Isaïe 1 / 18
7) Choute Haradbaz tome 2 chap. 693
8) 2 /11
9) Guémara Bérakhote 30b
10) 9/8
11) Or’hote Haïm Hilkhote Kidouchine chap. 21 et Col Bo ad. Loc.
12) Choul’hane Haézèr tome 2 page 27 et 136 ; Choute Maharam Mints chap.86 et Minhagué Maharil Hilhkote Nissouïne par. 2 qui mentionne un vêtement blanc du nom de « Charnguèz »
13) Néta Gabriel, Hilkhote Nissouïne chap. 15 par. 1 note 4 qui rapporte généralement les Minhaguim propres aux ‘Hassidim