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Camp de travail en Sibérie La veille de Kippour, un officier entra tout à coup dans la cellule de Rav Yé'hézkèl: celui-ci était libre! "Prenez vos effets personnels, et rendez-vous immédiatement à la gare, lui dit-il. Voici votre billet pour le voyage." Rabbi Yé'hézkèl ramassa rapidement ses quelques affaires - qui n'étaient guère nombreuses, le peu qu'il avait été autorisé à emporter avec lui s'étant rapidement usé ou lui ayant été dérobé - et il gagna la gare ferroviaire. Gare ferroviaire de Radine Dur et cruel, il manquait rarement une occasion de faire souffrir les hommes confiés à sa discipline, les Juifs comme les autres ... Cette fois-ci cependant, après avoir jeté un coup d'œil circulaire pour s'assurer qu'aucune oreille indiscrète ne pouvait l'entendre, il se contenta de lui demander: " Vous devez partir en train? " - Oui, répondit Rabbi Yé'hézkèl, saisi d'effroi. Que lui voulait cet homme juste au moment où il allait trouver la liberté? - Vous êtes Rabbin, n'est-ce pas? - Oui, répondit à nouveau Rabbi Yé'hézkèl. A quoi lui aurait servi de taire la vérité? Si l'autre avait de mauvaises intentions, ce n'est pas cet aveu qui changerait les choses. " Pouvez-vous me montrer le billet qu'on vous a remis? " R' Yé'hézkèl s'exécuta, le cœur battant. L'autre allait il tout simplement lui confisquer son billet? Officier russe en 1925 Avec le billet qu'on vous a donné, ajouta-t-il en baissant encore la voix, on vous fera voyager dans un compartiment glacial, dans lequel vous gèlerez : Il y a peu de chance que vous arriviez vivant a destination ... Cela se produisait en effet fréquemment. Les autorités déploraient ensuite l'incident regrettable survenu précisément alors qu'eux mêmes avaient fait preuve de bonne volonté et libéré le déporté ... " Le billet que je vous ai donné vous permettra de voyager dans un compartiment chauffé" ... L'officier baissa encore la voix, qui ne fut plus qu'un murmure presque inaudible. " Je suis Juif moi aussi, avoua-t-il. Je vous demande pardon pour tout ce que je vous ai fait subir. Je n'avais pas le choix ... " Et il s'éloigna rapidement. Comme nous l'avons dit, c'était la veille de Kippour, et R' Yé'hézkèl se rendit compte qu'il ne pourrait arriver jusqu'à chez lui le jour même pour retrouver sa famille, qu'il n'avait d'ailleurs même pas eu le temps de prévenir.Il décida de descendre dans une petite ville où il savait trouver une communauté juive et, sans même prendre le temps de manger quelque chose avant le début du jeune, il se rendit immédiatement a la synagogue locale, ou il déposa ses affaires pour y rester jusqu'à la fin de Kippour. Dès le lendemain matin, il reprit .son voyage, qui s'avéra long et pénible: les autorités Soviétique, puisqu'elles l'avaient promis, devaient respecter leur engagement de le libérer. Mais elles accumulèrent sur son chemin les obstacles afin de diminuer ses chances d'arriver à destination .... N'eût été la Providence qui, à chaque pas, vint le tirer d'affaire, Rabbi Yé'hézkèl n'aurait jamais retrouvé les siens .... Rav El'hanane Wasserman Ils ne pouvaient suffisamment manifester leur joie de se retrouver après ces années de séparation, et la dure captivité de R' Yé'hézkèl. " Vous avez été libéré la veille de Kippour, n'est-ce pas demanda tout à coup Rabbi El'hanane. " Oui, répondit celui-ci, étonné. Mais comment le savez vous ? Personne n'est au courant... Je n'ai même pas encore réussi à prévenir ma famille! " Erev Yom Kippour, expliqua Rav El'hanane, je suis rentré de l'office du matin en compagnie du 'Hafets 'Haïm. Nous marchions tous deux lorsqu'il s'est tout à coup arrêté : " D. soit loué, s'est-il exclamé, les bolcheviks ne sont pas parvenus à leurs fins! Ils ont été obligés de relâcher le Rav de Sloutsk! " |