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![]() Représentation de Rabbi Meïr de Rothenbourg sur un détail du Recueil Rothschild, Italie vers 1470. Alors qu'il allait à Vêpres tête baissée à cause de la pluie, le compagnon de route de l'évêque, Johann Maria, un marchand juif nouvellement converti, lui dit : - Voyez cet homme près de la fontaine. Il se moque bien de l'averse. - Et qui est-ce ? - Je le connais bien. J'ai déjà mangé à sa table dans sa belle demeure de Rothenbourg aux vingt-et-une pièces, c’est Rabbi Meïr Bèn Baroukh, le chef de la juiverie allemande. Un être retors et obstiné. N'est-il pas en train de jouer quelque tour à l'empereur Rodolphe? Le même soir, les gens du comte Méinharat de Gorz se saisirent de Rabbi Meïr Bèn Baroukh de Rothenbourg qui attendait avec le reste de sa famille, filles, gendres et petits-enfants pour s'enfuir avec eux en Erèts Israël. ![]() L'empereur Rüdolphe 1er de Habsbourg Une telle taxe, proclama Rabbi Meïr Bèn Baroukh de Rothenbourg, réduit les juifs en servitude. Plutôt partir en terre d'Israël que nous soumettre. Au demeurant, l'empereur était un être fantasque sans morale ni principes. En même temps, il acceptait du riche juif Anchel Oppenheimer un important prêt d'argent, confirmait l'autonomie judiciaire des juifs de Ratisbonne, mais sur pression de l'évêque leur imposait de rester dans leurs maisons pendant la Semaine sainte et qui étaient chassés de la fonction publique. Il saluait la bulle d'Innocent III contre l'accusation de crime rituel, mais ne sévissait guère contre les excès anti-juifs le long du Rhin et en Bavière. Ainsi, les milliers de juifs allemands qui décidèrent de quitter le pays avec en tête, Rabbi Meïr Bèn Baroukh de Rothenbourg avaient d'amères raisons de le faire. |
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![]() La forteresse donjon dans laquelle fut emprisonné Rabbi Meïr Il lui arrivait de convoquer le Va’ad Hakéhilote et le Va’ad Harabanim (synode de communautés et de Rabbanim) pour faire rédiger et connaître les nouveaux décrets (Psakim) au niveau de la Halakha. Rabbi Meïr, dans la plupart de ses quatre-vingts Responsa traitant des quatre parties du Choul’hane ‘Aroukh, expliqua et exposa de façon incisive ses Psakim de manière magistrale.
![]() Tombeau de Rabbi Meïr à Worms Avec fermeté, Rabbi Meïr fit savoir qu'il refusait que l'on versât une seule livre d'argent pour lui. "Si vous payez, leur dit-il, le Pharaon découvrira ainsi un moyen de se procurer de l'argent à bon compte (il faisait bien sûr référence à l’empereur). Ensuite, l'empereur considérera que la rançon est un paiement des taxes dont nous ne voulons pas. N'acceptez pas d'être des esclaves." Aucune rançon ne fut versée et Rabbi Meïr resta prisonnier à Ensisheim. L'empereur l'autorisa à recevoir la visite de ses élèves, mais à la grande colère des bourgeois, il estima que les biens laissés par ceux qui avaient pu quitter l'Allemagne étaient sa propriété. A la mort de Rabbi Meïr en 1223, l'empereur refusa de livrer son corps aux juifs. Il fallut en 1307 une rançon versée par un juif généreux de Francfort, Alexandre Süsskind Wimphen, pour qu'enfin Rabbi Meïr de Rothenbourg pût reposer à Worms. A sa mort, Wimphen voulut être enterré à côté de son maître. |