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Les Juifs se sont vus interdire d'observer le Chabbate et les fêtes, de pratiquer la circoncision, et de respecter les lois de pureté familiale. On leur infligea des interdictions, mais également des obligations : chaque Juif devait écrire sur la corne de son bœuf : « Nous n'avons aucune part au D.ieu d'Israël ». Ce décret plongeant le judaïsme dans une obscurité totale (Midrach Raba, début de Béréchit commentant ainsi le verset : « L'obscurité était au dessus de l'abîme » 1 ; 2) Que signifiaient ces décrets ? Quels sens avaient-ils pour les Grecs ? La polémique entre le peuple juif et la Grèce tenait dans leurs conceptions respectives du but et de la finalité de l'humanité. En interdisant des Mitsvote qui touchaient à tous les domaines de la vie, les Grecs ont tenté d'empêcher les Juifs de vivre dans le système de valeurs qui leur était propre. Quant à l'inscription obligatoire sur les cornes de bœufs, Rachi, dans son commentaire sur le Midrach, explique que les Grecs font ainsi allusion à un autre bovin, le veau d'or, et la faute qu'il symbolise. Nos Sages expliquent cette faute par le besoin ressenti par le peuple de trouver un dirigeant concret et visible, après que Moïse ne soit pas revenu du Mont Sinaï. La Grèce y a vu l'incapacité humaine de vivre dans un système totalement transcendant, et la preuve flagrante de la nécessité d'un système physique et naturel. S'appuyant sur la faute du veau d'or, la Grèce a voulu montrer par ses décrets que notre peuple était incapable de vivre une vie métaphysique, puisqu'au moment le plus exalté de son histoire, il n'y est pas parvenu. Si le peuple Juif, qui se considère comme l'élite dans ce domaine n'y parvient pas, c'est donc la preuve que ce système ne convient pas non plus à l'humanité dans son ensemble. Dans la mesure où chaque société tente de créer, puis d'imposer au monde un modèle de perfection humaine, la lutte entre la transcendance juive et les autres philosophies est intense. Aujourd'hui, les Etats-Unis n'imaginent pas d'autre idéal qu'un homme riche, puissant, décidant de son sort, gardant des valeurs puritaines, alors que l'Europe a érigé un système de valeurs humanistes, basé sur des lois sociales, avec une tendance marquée pour un mode de vie épicurien. L'allumage des lumières de 'Hanouka signifie que le peuple juif continue à exprimer sa foi profonde dans son D.ieu et dans la sainteté de la Thora. Au vingt-et-unième siècle, ce message est d'une actualité frappante. Malgré les progrès gigantesques fait par la science, on assiste à une dégénérescence morale préoccupante. Par nos lumières, nous affirmons que la Thora est seule à proposer une vie idéale. En observant la circoncision, nous transcendons le corps humain ; par le chabbath et les fêtes, nous sanctifions la notion de temps ; par la pratique des lois de la pureté familiale, nous donnons un autre sens, plus profond, à la vie de famille. Tous ses actes rituels apportent une dimension nouvelle à la vie. Alexandre le Grand A la suite de la conduite respectueuse de Yaphèt envers son père Noa'h, ce dernier donna à son fils la bénédiction de « résider dans les tentes de Chèm ». Nos Sages (Méguila 9b) expliquent que l'une des conséquences de cette bénédiction fut que le Séfèr Thora, selon l'opinion de Rabane Chim'one ben Gamliel, peut être écrit en grec, comme il peut l'être en hébreu. Maïmonide précise cependant qu'il s'agit du grec ancien, le grec en usage à son époque ayant subi trop de mutations. Etonnante décision de la Thora, qui rend "Kachèr" un Sefer Thora écrit en grec… L'humanité évolue dans un système où plusieurs options lui sont proposées. Pour que l'homme garde son libre-arbitre, la nécessité de placer l'homme devant un choix entre les forces du bien et du mal rend inévitable un équilibre parfait entre elles. Notre sainte Thora, expression de la sagesse divine, fascine ceux qui en pénètrent les profondeurs, d'où la nécessité de proposer à l'homme une alternative qui puisse paraître rivaliser avec elle. Par sa conduite, Japhet a mérité que les Grecs, ses descendants, soient ceux qui portent le flambeau de la science humaine, et cherchent à rivaliser avec la sagesse divine de la Thora. Le Talmud (Yoma 69b) rapporte qu'Ezra le scribe, reconstructeur du Deuxième Temple, réussit, en organisant une prière collective à laquelle participèrent l'assemblée des grands d'Israël et le peuple, à obtenir que l'intensité de l'attrait pour l'idolâtrie soit atténuée. Ils surent qu'il était exaucés en voyant un lion de feu sortir du Saint des Saints, dans le Temple. Par conséquent, elle ne représenta plus une tentation à l'époque du Deuxième Temple. L'époque du Premier Temple fut caractérisée par une révélation divine intense, qui nécessitait en contrepartie une profonde connaissance des forces spirituelles régissant le monde. Cette connaissance, comme l'explique Maïmonide, entraîna le peuple juif à s'attacher à ces forces disparates. Familiarisés avec les différentes sources de puissance dans la nature, les Juifs en vinrent à les adorer. Les tentations du peuple juif se portent alors, avant tout, sur les études scientifiques, essentiellement grecques à l'époque, qui prétendent être un message de vérité pour l'humanité, au détriment de la sagesse divine qui s'exprime dans la Thora. La lutte entre les Grecs et le peuple juif se résume à une guerre entre une conception physique et métaphysique du monde. Quand des hommes sont prêts à se sacrifier pour leurs convictions, et qu'une poignée de saints et d'érudits parviennent à vaincre une armée nombreuse de soldats entraînés, cela prouve l'authenticité de leur valeurs spirituelles. Là réside l'essence du monde et sa réalité. Comme il est mentionné dans la prière de la 'Amida pendant les jours de 'Hanouka : « Mais Toi dans Ta grande miséricorde Tu les as assisté au temps de leur détresse, Tu as lutté leur lutte, Tu as jugé leur jugement, Tu as vengé leur vengeance, Tu as livré les forts au mains des faibles, les nombreux aux mains des peu nombreux, les impures aux mains des impurs, les méchants aux mains des justes et les arrogants aux mains de ceux qui aimaient la Thora». |