« L’élection contestée » : vérités déformées et persécutions contre le peuple juif

L'histoire du peuple juif a été marquée par des tentatives d'appropriation et de dénigrement de sa foi, souvent justifiées par des prétendues vérités spirituelles et accompagnées de persécutions. Ces processus, menés par le christianisme et l'islam, se sont appuyés sur une mauvaise foi flagrante, dissimulant une réécriture de l'histoire et une spoliation des croyances juives essentielles.
Ces deux religions ont prétendu avoir reçu une révélation divine supérieure, tout en rejetant et en persécutant le peuple juif qui, selon la Torah, est l'élu de D-ieu. Leurs doctrines ont transformé l'ancienne alliance de D-ieu avec Israël en un rejet pur et simple, et ont souvent instrumentalisé cette prétendue vérité pour justifier des persécutions de masse.

Il serait important de noter et de rappeler que lorsque l'on parle de l'élection du peuple juif, elle n'est pas guidée par l'ambition ou la prétention de se présenter comme un peuple au-dessus de toute l'humanité et vaniteux mais celui qui a été choisi pour transmettre le Message.

Le christianisme : Un rejet de la Torah et des Juifs 

Le christianisme , dans sa quête de légitimité, a introduit une idée perverse : celle que D-ieu aurait révoqué son alliance avec le peuple juif au profit des chrétiens. En prétendant que leur prophète était le "Messie", une figure centrale du christianisme, cette religion a consciemment écarté la Torah et le peuple juif, niant leur rôle central dans l'histoire de la révélation divine.
Dans leurs Évangiles, cette idée de « substitution » est exprimée de manière explicite, notamment dans des passages où celui qu'ils qualifient de « fils de D-ieu » semble prendre ses distances par rapport aux traditions juives. De plus, au fil des siècles, cette idéologie a servi de justification aux massacres et aux persécutions incessantes des Juifs, notamment pendant les Croisades, l'Inquisition et plus récemment avec l'antisémitisme chrétien qui aboutit au sommet de l'horreur avec la Shoa.

Les grands Sages du peuple juif ont déclaré cette perversion de la vérité. Le Rav Yehouda Halévy , dans son Kouzari , a mis en évidence l'absurdité de cette revendication chrétienne en soulignant que la Torah et les prophètes ont toujours confirmé l'élection d'Israël comme peuple choisi pour être le porteur de la révélation divine.
Le Rav a mis en lumière ce qu'il considère comme une incohérence dans la revendication chrétienne d'une substitution d'Israël par l'Église en tant que « peuple élu ». Il réfute l'idée que D-ieu aurait pu abandonner un peuple qu'il a élu pour toujours. Cette idée est incompatible avec la promesse divine faite à Abraham et à ses descendants, promesse qui reste inaltérée à travers les générations.

Pour le Rav, il serait absurde de considérer que cette alliance aurait été annulée ou transférée à une autre communauté. Cette idée est centrale dans la théologie chrétienne, où l'Église se présente comme le "nouvel Israël", censé remplacer le peuple juif dans son rôle spirituel. Le rabbin Yéhouda Halévy critique avec ironie cette vision en montrant que rien, dans la Torah ou dans les écrits des prophètes, ne justifie une telle interprétation.
Au contraire, les textes bibliques affirment à plusieurs reprises l'élection éternelle d'Israël, malgré ses fautes et exils. L'élection d'Israël ne relève donc pas d'une question de mérite humain, mais d'une grâce divine inaltérable. Ce qu'au fond, ces deux religions conviennent parfaitement lors de débats honnêtes et sincères.

Comme le prouve Rabbi Yéhouda Halévy, il serait ridicule pour ces deux religions d'en dénigrer la source originelle du message de la Révélation, la base même de leur foi.

 L'islam : Une appropriation abusive et incohérente 

Un des arguments centraux du Kouzari repose sur l’idée que la révélation au Mont Sinaï fut un événement collectif, attesté par toute une nation et transmis de génération en génération. Contrairement aux autres religions, qui reposent souvent sur des expériences individuelles ou des révélations personnelles (comme celle de J…. ou de Mohamed), la révélation juive se distingue par sa dimension publique. Cela confère, selon rabbi Yéhouda Halévy, une légitimité incomparable à la Torah et à la mission d’Israël. L’islam (tout comme le christianisme), tout en revendiquant un lien avec les prophètes juifs et la Torah, a également cherché à se positionner comme la dernière révélation, en inversant les rôles et en rejetant Israël.

Dans le Coran, plusieurs passages semblent traiter les enfants d’Israël de manière péjorative, les accusant d’infidélité et de corruption de la parole de D-ieu. Le Coran, tout en reconnaissant Moché Rabbénou ainsi que les autres prophètes du peuple juif, présente le dernier prophète, Muhammad, comme celui qui rectifie les erreurs des traditions précédentes, y compris la Torah.

Dans le Kouzari, le Rav Halévy critique également l'islam, bien qu'avec une approche différente de celle employée pour le christianisme. Son analyse repose sur plusieurs points centraux, toujours dans le cadre de sa défense de la foi juive. Il insiste sur le caractère unique de la révélation juive : elle a eu lieu devant une nation entière, lors de l’événement du Mont Sinaï. Cela distingue la foi juive des autres religions, notamment l'islam, où la révélation repose sur une expérience individuelle, celle de Mohamed.

Rav Halévi considère que les récits de révélation personnelle manquent de la robustesse et de la vérifiabilité d’une expérience collective. Il critique l’idée que toute une religion puisse être fondée sur le témoignage d’un seul homme, aussi charismatique ou inspiré soit-il, et souligne que cela rend les fondements de l'islam plus vulnérables à la contestation.

Il continu en arguant que toute religion prétendant être une continuation de la révélation divine doit démontrer un lien direct et ininterrompu avec le Mont Sinaï. L’islam, bien qu’il affirme reconnaître la Torah et les prophètes juifs, ne maintient pas cette continuité.

En effet, Mohamed affirme que les Juifs ont altéré ou corrompu les Écritures, ce qui justifie selon lui la nécessité d’une nouvelle révélation (le Coran). Rav Halévi rejette cette affirmation, soulignant qu’elle contredit la tradition juive selon laquelle la Torah a été préservée intacte, et que son authenticité est renforcée par sa transmission fidèle à travers les générations. Il note que son expansion rapide a souvent été le résultat de conquêtes armées cruelles et agressives, et il s’interroge sur la légitimité d’une religion qui s’impose par la force.
Dans le judaïsme, la révélation et la foi ne dépendent pas de conquêtes physiques ou politiques, mais de l’engagement spirituel et moral. Rav Halévi considère que cette distinction reflète une différence fondamentale dans la manière dont les deux religions envisagent leur mission divine.

Le Rav poursuit son questionnement en ces termes : « Pourquoi un D-ieu parfait et omniscient aurait-il besoin de corriger ou de compléter une révélation antérieure ? Si la Torah est parfaite, comme le reconnaît Mohamed lui-même, quelle raison aurait un D-ieu parfait d’initier une nouvelle révélation, que ce soit par son intermédiaire ou, avant lui, par le "Messie" chrétien ? » Cette interrogation remet en cause le fondement même de l’islam en tant que religion révélée. Il critique également l’idée que D-ieu aurait abandonné Israël pour s'adresser à une nouvelle communauté (l'Islam), tout comme il rejette la thèse chrétienne de substitution. Pour le Rav Halévy, une telle incohérence ne correspond pas à la nature divine qui n'est pas soumise à aucune contrainte spatio-temporelle telle que décrite dans la Torah.

Le Rambam (Maïmonide), dans son Moré Névoukhim (Guide des Égarés), analyse ces revendications d'une manière profonde en suivant la logique du Rav Halévy.

Selon lui, l’idée de Mohamed prétendant être le dernier prophète après Moché Rabbénou est une contradiction flagrante avec les enseignements fondamentaux de la Torah, qui ne parle jamais d’une cessation des prophéties, mais plutôt de la continuité de la parole divine à travers Israël. Il souligne également que la religion islamique, en tentant d’effacer et d'usurper l’histoire d’Israël pour la remplacer par une narration différente, cherche à imposer une vision unilatérale qui nie la vérité révélée au peuple juif. Une parfaite absurdité !!!

La mauvaise foi dans l’usage de la « vérité divine »

Ces deux religions, en prétendant apporter la « vérité » au monde, ont utilisé de prétextes théologiques fallacieux pour imposer leurs croyances qui justifiaient des actes de violence envers les Juifs. En associant leur récit de la vérité à des doctrines qui rejettent les fondements de la Torah et de l'éthique juive, elles ont non seulement déformé et altéré la parole divine, mais ont aussi manipulé ces doctrines pour masquer leurs ambitions politiques et territoriales.

Le Rav 'Hesdaï Crescas (disciple du Ran, Rabbénou Nissim), dans son Or Hashem (La Lumière de D-ieu), démontre que la véritable voie de la Torah repose sur la justice, la miséricorde et la fidélité à la vérité divine, principes qui sont systématiquement ignorés ou travestis par les religions imitatrices.
Le Rav Crescas met en évidence l'idée que D-ieu, en tant que source de toute vérité, ne pourrait jamais justifier la violence et la persécution au nom de la foi. D'autant plus que, lorsqu'une religion utilise des arguments insidieux pour justifier un tel traitement envers le peuple élu il ne fait que se discréditer en prétendant être le dépositaire exclusif de la Vérité absolue.

Les penseurs juifs contemporains

Les penseurs juifs contemporains , comme le Rav Eliezer Berkovits (auteur du fameux "Unité dans le Judaïsme") ainsi que le Rav de Brisk , Rabbi Soloveitchik, ont également réagi contre cette appropriation malhonnête de la vérité.

Rav Berkovits, dans ses travaux, a souligné que le peuple juif, en tant que porteur du message de la révélation divine, ne doit pas céder à l'assimilation ou à la déviation de sa foi sous la pression des autres religions.

En conclusion , le Rav de Brisk définit l'éthique juive comme étant ancrée véritable dans la Torah et axée sur la préservation de la dignité humaine ainsi que sur le respect des traditions. Il met en garde contre les tendances modernes visant à effacer les identités distinctives, en rappelant l'importance de celle qui élève l'homme au-dessus de l'animal en y intégrant des valeurs morales. Cette élévation, selon lui, constitue la raison d'être de l'homme et sa mission ultime dans ce monde.

Rav Meïr Hazan