La symbolique de l'homme et de l'arbre


Arbre dans le Néguev (Israël)
 

Planter un arbre en terre d'Israël est une pratique riche de symboles et de significations, qui puise ses racines dans les préceptes de la Torah et de la tradition juive. Cet acte, à la fois spirituel, culturel et écologique, reflète des valeurs profondes inscrites dans le judaïsme, telles que l'attachement à la terre, la responsabilité envers la création et l'espérance en l'avenir.

Un concept enraciné dans la Torah

Dès la création , le jardin d'Éden est décrit comme un espace luxuriant où D-ieu place l'homme pour qu'il « le cultive et le garde » ( « וַיַּנִּחֵהוּ בְגַן־עֵדֶן לְעָבְדָהּ וּלְשָׁמְרָהּ » - Genèse 2:15). Ce verset pose les bases de la responsabilité humaine envers l'environnement.
Concept renforcé dans le livre de Vayikra (Lévitique 19:23-25) qui impose une règle appelée « Orla » : les fruits d'un arbre ne peuvent être consommés pendant les trois premières années suivant sa plantation ( « וּכְתִבְאוּ אֶת־עֵץ מַאֲכָל וַעֲרַלְתֶּם עָרְלָתוֹ אֶת־פִּרְיוֹ ") . Cette loi enseigne la patience et le respect envers la nature.

Le verset "אדם הוא עץ השדה" L'homme est un arbre des champs (Deutéronome 20 :19). métaphore qui fait allusion à une profonde analogie entre l'homme et l'arbre, suggérant que l'homme, tout comme l'arbre, possède des racines (l'âme et la connexion au Divin), un corps (le tronc) et des actions (les branches et les fruits). Ainsi, tout comme un arbre porte des fruits qui sont le résultat de son travail (la croissance et les efforts), un homme produit des fruits par ses actions et son comportement moral.


Arbre fruitier

Ce verset apparaît dans le cadre des lois de guerre, où il est interdit de détruire les arbres fruitiers lors d'un siège ou d'une guerre.
"Lorsque tu assiègeras une ville pendant un long siège, pour la prendre, tu ne détruiras point les arbres en les coupant, car tu en mangeras le fruit. Tu ne les abattras pas, car l'arbre des champs est-il un homme, pour qu'il soit assiégé par toi ?".
Ici, le verset utilise l'image de l'arbre pour nous enseigner l'interdiction de détruire toute chose inutilement (« Bal Tache'hit »). 

Une forte symbolique

Dans la tradition juive,
l'arbre symbolise la connaissance, la sagesse et la vie. L'arbre dans le jardin d'Éden, par exemple, est lié à l'arbre de la connaissance du bien et du mal. L'homme est donc comparé à un arbre pour rappeler que, tout comme un arbre produit des fruits, l'homme doit produire des actions bonnes et vertueuses. Il est un "arbre" dans la mesure où il doit porter des "fruits" spirituels par ses bonnes actions.

L'image de l'arbre peut également être vue comme une métaphore de la croissance spirituelle. Tout comme un arbre se développe au fil du temps, l'homme doit croître dans sa sagesse, sa foi et ses bonnes actions. L'arbre doit être soigné et protégé pour correctement, tout comme l'individu doit nourrir son âme et ses valeurs pour mûrir spirituellement.

  • Le juste est comparé au palmier et au cèdre du Liban :
    « Le juste croît comme le palmier, il s'élève comme le cèdre du Liban. Plantés dans la maison de l'Éternel, ils prospèrent dans la maison de notre D-ieu. » Téhilim (92 : 13-14) Ce texte relève compare le palmier et le cèdre aux justes (Tsadikim). Le palmier, avec ses fruits sucrés (les dattes), est comparé à un juste dont les œuvres sont productives et bienfaisantes. Quant au cèdre, il est vu comme un symbole de solidité et de persistance, à l'image des justes qui ne se laissent pas ébranler par les épreuves (Midrash Tehilim). 


Cèdre du Liban

  • « Les arbres de l'Éternel se rassasient, les cèdres du Liban, qu'il a plantés » (Tehilim 104:16)
    Ici aussi, les cèdres représentent les justes, qui sont profondément enracinés dans la Torah et grandissent en force et en droiture , nourris par la providence divine.
    Certains Midrashim y voient une analogie avec les sages d'Israël, qui, comme les cèdres, restent droits et inébranlables, quelle que soit l'adversité.

Ce verset célèbre la grandeur de la création divine. Il évoque la manière dont D-ieu pourvoit aux besoins de toute la nature, des arbres aux créatures vivantes, en soulignant la perfection de son œuvre. Les "arbres de l'Éternel" et les "cèdres du Liban" symbolisent la force, la majesté et la bénédiction divine.

Olivier

  • Les enfants d'Israël sont comparés à l'olivier « L'Éternel t'avait donné pour nom : Olivier verdoyant, remarquable par la beauté de son fruit. » (Jérémie 11:16). Ici, l'olivier symbolise la relation entre les enfants d'Israël et D-ieu, mais aussi leur bénédiction et leur vigueur spirituelle. 
     

  • L'olivier et ses qualités (symboliquement attribuées au juste et à Israël) 
    « Mais moi, comme un olivier verdoyant dans la maison de D-ieu, je me fie à la bonté de D-ieu, éternellement et à jamais. » ( Téhilim 52:10)
    Cela souligne la confiance inébranlable du juste en D-ieu.

  • Selon Eliezer Ben Azaria : "Celui dont la science dépasse les œuvres, ressemble à un arbre qui a beaucoup de branches et peu de racines. Que vienne une tempête il est déraciné et jeté à terre, mais celui dont les œuvres dépassent la science, semblable à un arbre qui a peu de branches et beaucoup de racines. Tous les vents du monde se déchaineraient contre lui, ils ne parviendront pas à l'ébranler" (Pirké Avot 3. 17).

Tou Bishvat : la fête des arbres

La tradition juive célèbre également une journée spéciale consacrée aux arbres : Tou Bichvat, le « Nouvel An des arbres ». Cette fête marque le cycle agricole en Israël et invite les fidèles à réfléchir à leur relation avec la nature. Planter un arbre en cette journée est un acte hautement symbolique, réaffirmant l'interconnexion entre l'homme, la terre d'Israël et le Créateur.

Voir notre dossier : Source et Signification de Tou Bichevate

Rav Aharon Bieler