
Nous avons déjà écrit qu'il était permis de s'opposer à ce que des personnes étrangères rentrent et sortent d'un appartement de l'immeuble, si ces visites sont effectivement gênantes et nombreuses. Toutefois, il faut que ces dérangements soient effectifs et sérieux : les caprices d'un voisin nerveux ne sont pas suffisants pour justifier une opposition recevable d'après la Halakha (Baba Batra 21a).

Immeuble du XVIe arrondissement
La nature des objets vendus a également des incidences organiser une vente occasionnelle d'oeufs frais ou de langes est sans doute permis, les gens ne faisant que passer. Par contre, un magasin d'habits ou de bijoux risque d'indisposer davantage le voisinage.
Il est courant de trouver des bureaux d'avocats, de comptables ou d'assurances dans des immeubles destinés à l'habitation.
Il en est de même pour des magasins, un atelier ou un entrepôt que l'on déciderait d'installer un beau jour dans un appartement. Peut-on s'y opposer d'après la Halakha (les problèmes municipaux ne sont pas de notre recours...) ?
Quand un immeuble est a priori destiné à l'habitat, la possibilité de transformer un appartement en bureau doit être mentionné dans l'acte de vente. A défaut, il faudra l'accord de tous les voisins (Chévèt Halévi 9,302). L'accord, ou le refus, d'un voisin ne saurait être arbitraire, mais reposera sur ce que la Halakha permet. Si visiblement le voisin s'oppose à donner son aval, il sera possible de le convoquer au Bèt Dine qui jugera du bien fondé de son attitude selon l'aspect objectif de ces dérangements, et selon les normes du quartier.
Si ce dernier réussit à convaincre le Bèt Dine des dommages que la présence d'un tel local pourrait lui occasionner, il pourra légitimement exiger en dédommagement une certaine somme en échange de son accord.

On ne pourra pas s'opposer en revanche à des bruits exceptionnels, occasionnés par exemple par une réception chez soi ou des travaux, du fait que ces dérangements sont inhabituels, et qu'il peut arriver à chacun de les provoquer à l'occasion.
Il faut évidemment prendre des précautions pour limiter le bruit et autres nuisances, et ne pas faire exprès un bruit insupportable.
Dans les lieux où des lois, ou des instructions explicites, définissent des créneaux horaires où il est permis de faire du bruit, il faudra bien entendu les respecter.

Ecole juive Paris
Ce décret inclut l'impossibilité de s'opposer à l'ouverture d'un tel établi. Il en sera de même pour une école toranique destinée aux jeunes filles (Simlate 'Haïm de Rav Yossèf 'Haïm Zonnenfeld), ou encore une synagogue ou une Yechiva (Ritva et 'Aroukh Hachoul'hane 'Hochèn Michpate 156,3).
Si toutefois il y a déjà un nombre suffisant de synagogues dans le quartier, les voisins pourraient peut-être s'opposer à l'ouverture d'un tel lieu de prière qui les dérangerait, mais la question devra être posée à un Bèt Dine compétent. S'il faut accepter l'ouverture d'un tel lieu où l'on fait des Mitsvote, il devrait alors être impossible de s'opposer également à l'ouverture d'un cabinet médical, puisque c'est une Mitsva d'apporter des soins à son prochain (Chévèt Halévi de Rav Wozhner 9,299). Certains pensent néanmoins que ceci n'est valable que pour un centre de réanimation, où l'on sauve des vies, mais non point pour un simple cabinet médical.

Dans le cas de l'ouverture d'une nouvelle synagogue, s'il y en a déjà suffisamment dans le quartier, il est probable qu'il pourra s'opposer, mais la question doit être posée devant un Bèt Dine compétent.