Partie II : Le Séder de Pessa'h
Nos Sages nous ont ordonné de manger et de boire en nous accoudant, afin d’exprimer par cet acte notre liberté. En effet les rois et les princes avaient pour habitude de s’accouder quand ils se mettaient à table. Il faut donc s’accouder principalement durant le repas et cela inclut la consommation des Matsote (ainsi que le Korèkh et l’Afikomane) et l’ingestion des quatre coupes de vin. Par contre il vaut mieux s’abstenir de s’accouder lors du récit de la Hagada et quand on récite les bénédictions (Chla Hakadoch, Péri Mégadim ch.486).
Si on a oublié de s’accouder en mangeant la Matsa, il faut manger à nouveau un Kazaïte de Matsa. Si on s’est rappelé après le Birkate Hamazone, il faudra se relaver les mains et réciter à nouveau la bénédiction du Motsi (d’après les Séfaradim, il faudra aussi dire la bénédiction sur la Matsa) et remanger un Kazaïte de Matsa. Si on a oublié de s’accouder en mangeant le Korèkh, il ne sera pas nécessaire le remanger à nouveau, mais s’il s’agit de l’Afikomane il est préférable d’en remanger, si l’on n’a pas encore récité le Birkate Hamazone. Si on a oublié de s’accouder en buvant les coupes de vin, d’après les Séfaradim il faudra les boire à nouveau mais d’après les Achkénazim cela n’est pas nécessaire (Bet Yossef et Michna Béroura ch.472, 21). Mais le deuxième verre devra être rebu sans bénédictions (M.B. id). Si une femme a oublié de s’accouder, elle n’aura pas d’obligation de reboire ou de remanger à nouveau (‘Hazone ‘Ovadia). Si on a oublié de s’accouder en mangeant le Korèkh il ne faudra pas le remanger à nouveau, mais s’il s’agit de l’Afikomane il sera préférable d’en remanger, si l’on n’a pas encore récité de Birkate Hamazone.
Chaque homme (et d’après les Séfaradim même les femmes), a le devoir de s’accouder et cela inclut les enfants qui sont déjà en âge de recevoir une éducation religieuse (à partir de six ans, l’enfant peut déjà comprendre la signification de la Mitsva). Quelqu’un qui pour raison médicale ne peut pas s’accouder est exempté de la Mitsva. Un gaucher doit s’efforcer de s’accouder du côté gauche et de manger avec la main droite. Le fait de s’accouder consiste à être assis sur une chaise ou dans un fauteuil, de façon à ce que la tête et le corps soient penchés sur le côté gauche. C’est pour cela qu’il est bon de se servir d’une chaise sur laquelle il y a des bras, qu’on recouvrira par des coussins qui serviront d’appui. Par contre il vaut mieux s’abstenir de s’accouder lors du récit de la Hagada et durant le Hallel.
![]() Il y a plusieurs raisons qui sont données pour expliquer pourquoi justement quatre coupes: la première est que la Tora emploie quatre termes distincts de délivrance à propos de la sortie d’Egypte (Exode ch.6 v.6-7). La deuxième est en souvenir des quatre peuples qui ont asservi le peuple d’Israël durant son histoire (les Egyptiens, les Babyloniens, les Perses et les Romains). La troisième est que D. se servira dans les temps futurs de quatre modes de punition vis-à-vis des ennemis d’Israël. La quatrième est que D. consolera le peuple d’Israël par quatre modes de consolation différents.
Les hommes, les femmes et les enfants (même en bas âge) doivent boire les quatre coupes de vin. Néanmoins pour ceux qui ne peuvent supporter autant de vin, il est conseillé de boire du jus de raisin. Par contre, quelqu’un qui pourrait tomber malade en buvant du vin ou du jus de raisin, est exempt et doit à la place boire quatre verres de jus de fruit, de café ou de thé (mais pas de lait). Les Achkénazim ont l’habitude de réciter la bénédiction sur le vin avant chaque verre, mais les Séfaradim ne la récitent qu’au premier et troisième verre.
Il faut choisir des verres qui puissent contenir à priori 150 ml. Si cela est difficile, on peut se baser sur ceux qui pensent que 86ml sont suffisants (pour les enfants il n’est pas nécessaire d’avoir une telle quantité). Il faut rincer les verres avec de l’eau et les remplir à ras bord de vin. En signe de liberté,on se fera remplir son verre par une autre personne. (Mais un homme n’a pas le droit de verser du vin à une femme qui n’est pas son épouse. Voir Kitsour Choul’hane ‘Aroukh (ch.153) traduit en français par L.Cohn, dans quels cas même le mari ne peut verser du vin à son épouse). Il est préférable de boire tout le verre d’un seul coup accoudé sur le côté gauche, mais il suffit d’avoir bu la majorité du contenu du verre pour s’acquitter de la Mitsva. Si l’on n’a pas bu le verre d’un seul coup, il faudra au moins le boire en entier (ou sa plus grande part), en l’espace de moins de quatre minutes.
La première coupe est bue après le Kidouch qui est récité par celui qui dirige le Sédèr. (Chez certains, chaque chef de famille récite le Kidouch, chez d’autres, tous récitent à voix basse le Kidouch et la bénédiction sur le vin). D’après tout les rites il faut réciter la bénédiction avant de boire. Cependant, les personnes qui ne récitent pas elles-mêmes le Kidouch, peuvent se contenter de répondre Amen après la bénédiction du chef de famille et peuvent ensuite boire le vin. Une femme qui a déjà récité la bénédiction de "Chéhé'héyanou" en allumant les bougies de Yom Tov ne devra pas la réciter à nouveau et ne devra pas non plus répondre Amen en l’écoutant. On ne récitera pas de bénédiction après avoir bu le vin, sauf après le quatrième verre qu’il faudra vider en entier. On peut boire une autre boisson ou bien manger quelques fruits après la première coupe (mais pas du vin). Si on a eu l’intention au moment de la bénédiction sur le vin, de boire ensuite une autre boisson, il ne sera pas nécessaire de réciter à nouveau une autre bénédiction. (M.B. ch.473, 13). Après le commencement du récit de la Hagada, on ne pourra plus boire ni manger jusqu’à la 2ieme coupe (M.B. ch.474, 4)
Celle-ci se boit après avoir lu et expliqué la Hagada. Il faut obligatoirement raconter une partie au moins du récit de la sortie d’Egypte, entre les deux premiers verres. Quelqu’un qui est empêché de lire ou d’écouter la Hagada (par exemple un malade), mais qui peut par contre boire du vin, devra boire les quatre coupes de vin et faire un petit arrêt entre les coupes. Après la deuxième coupe on a le droit de boire du vin et d’autres boissons. Pour les Séfaradim, il est recommandé à chaque fois de rincer la coupe avant de verser à nouveau le vin (Ben Ich ‘Haï, K.H. ch.473,1). Pour les Achkénazim, cela n’est pas nécessaire (M.B. ch.473, 68).
Celle-ci doit être bue après la bénédiction de la fin du repas (Birkate Hamazone). Il faudra nettoyer les verres et enlever les miettes de Matsa qui y sont tombées. On soulèvera le verre durant le Birkate Hamazone. On a l’habitude de ne rien consommer après avoir mangé l’Afikomane, de façon à garder le de la Matsa, donc, mis à part le vin de la troisième coupe et de l’eau éventuellement, il ne faudra rien boire après l’Afikomane. Il est aussi défendu de fumer bien que pendant Yom Tov, certains permettent de fumer si l’on se sert d’une flamme déjà allumée avant la fête. Certains permettent le thé mais pas café, d’autres permettent aussi le café.
Celle-ci est bue à la fin du Halel (voir plus loin). Après avoir bu le contenu du verre, il faut réciter la bénédiction finale qu’on dit après avoir bu du vin ou du jus de raisin.
Ce verre est versé dés le début du repas (d’après certains on le verse au moment où l’on verse le quatrième verre ou bien, au moment de verser le troisième verre), en l’honneur du prophète (Eliyahou) qui d’après la tradition doit venir nous annoncer la venue du Machia’h (Messie) la nuit de Péssa'h. Ce verre-là ne doit pas être bu durant cette nuit. Il faudra donc le couvrir pour la nuit et le boire le lendemain matin lors du Kidouch. |
Le déroulement du Sédèr |
![]() Il y a parmi les Achkénazim certaines personnes qui portent le Kitel (habit blanc qu’on porte à Yom Kippour) durant la soirée du Sédèr.
Comme à chaque fête, on récite le Kiddouch au moment où l'on se met à table avant de commencer le repas.
Si la fête tombe un samedi soir (Motsaé Chabbat), il faudra aussi réciter la Havdala qui comprend une bénédiction sur une flamme (on se servira des bougies déjà allumées) et une autre sur le vin (celui qui a servi pour le Kiddouch).
A priori il faut que tous les participants se lavent les mains sans réciter la bénédiction, car on est obligé, avant de consommer un aliment qu’on trempe dans un liquide, de se laver les mains.
Nous avons déjà noté les différentes sortes de légumes qu’on à l’habitude d'utiliser.
Il faut partager avec les mains la Matsa du milieu en deux parties (non égales).
Il y a une Mitsva spéciale le soir de la fête de Péssa'h de raconter le récit de la sortie d’Egypte et cela afin de divulguer ce miracle et de louer D., ce qui nous permettra de renforcer notre foi en D. Néanmoins il ne faut pas trop s’attarder sur les petits détails afin que les enfants restent éveillés jusqu’au repas ou l’on mange la Matsa et le Maror. On pourra continuer d’expliquer et d’approfondir les textes durant le repas et après les chants de la fin. II est préférable de ne pas interrompre le récit de la Hagada en consommant quelques aliments, ni en racontant histoires sans rapport avec le sujet.
Avant de commencer ce paragraphe écrit en araméen on donne aux enfants des friandises afin de les occuper et d’éveiller leur curiosité. En récitant ce paragraphe on souléve le plat du Sédèr (certains ne soulèvent que la Matsa du milieu) et on le récite à voix haute. Après ce passage, il faut mettre les Matsote de côté, et ceci à nouveau afin d’attirer l’attention et la curiosité des jeunes enfants. (Certains mettent le plat du Sédèr de côté).
Avant de commencer ce passage, on remplit les coupes de vin, bien que le vin ne soit bu qu’à la fin du récit. Quand il y a plusieurs familles attablées ensemble, il est bon que l’on s’organise de façon à ce qu’un enfant de chaque famille pose les questions et que chaque père de famille y réponde.
Après les questions viennent les réponses. Avant de répondre on remettra les Matsote (ou le plat du Sédèr) à leur place initiale en les laissant découvertes et on récitera ce texte qui vient apporter une réponse aux questions posées auparavant. Il faut donc faire attention que les enfants restent éveillés afin qu’ils puissent comprendre la réponse à leurs questions. La réponse est claire: D. nous a fait sortir d’Egypte où nous étions esclaves et c’est pour cela que nous mangeons du pain de misère (Matsa) et des herbes amères (Maror). Il nous a libérés, ce que nous prouvons en nous conduisant comme des gens fiers d'avoir leur liberté et c’est pourquoi nous sommes accoudés et nous trempons nos herbes dans un liquide, comme le font les gens qui sont attablés chez les rois et les princes.
Avant de lire ce paragraphe on recouvrira les Matsote et on soulèvera son verre de vin jusqu’à la fin de ce texte.
"דם ואש ותמרות עשן". Les Séfaradim versent le verre tout entier et le remplissent à nouveau après.
Quand on récite ce passage, on soulève la Matsa et on la présente à tous les invités. Il est préférable de montrer la Matsa du milieu qu’on a divisée (Rama).
De la même façon que pour la Matsa, on montrera le Maror aux convives au moment de réciter le passage expliquant sa signification.
A partir de ce passage nous avons en vérité fini le récit de la sortie d’Egypte et nous commençons à chanter quelques louanges du Hallel, mais les principales louanges ne seront dites qu’après le repas.
Il est recommandé, s’il y a plusieurs familles ensemble, que chaque famille se lave les mains en groupe, et que tout de suite après chacun commence à manger la Matsa afin qu’il n’y ait pas un trop grand intervalle de temps entre le lavage des mains et la consommation de la Matsa.
![]() Parmi les cinq morceaux de Matsote qu’on doit manger (cinq Kazaïte) ce soir là, il n’y a que le premier qui soit une obligation de la Tora, les autres étant d’ordonnance rabbinique. Il y a 2 morceaux pour Motsi-Matsa, 1 pour le Korèkh, 2 pour l’Afikomane. On prend, comme il a été dit, de la Matsa spécialement surveillée depuis la moisson, appelée "Matsa Chémoura". Quelqu’un qui n’en aurait pas assez pour les cinq Kazaïte de Matsa, se contentera de manger un Kazaïte de Matsa Chémoura au début (Motsi-Matsa) et un deuxième pour l’Afikomane. Les autres seront complétés par de la Matsa normale. Les invités qui n’ont pas amené leurs propres Matsote doivent acquérir les Matsote qui leur sont offertes en les soulevant, ce qui fait acte d’acquisition (Ceci est possible même durant la fête). Quelle est la quantité de Matsa qu’il faut manger? Les malades, les personnes âgées ou faibles qui peuvent difficilement avaler une telle quantité de Matsa bénéficient de plusieurs allégements:
Chaque père de famille prendra les trois Matsote qui trouvent devant lui en mains et récitera deux bénédictions: Après les bénédictions, on posera la Matsa inférieure et on prendra un morceau (Kazaïte) de la Matsa du haut et un autre de celle du milieu. Comme en général, il y a plusieurs personnes à table et qu’il est impossible de donner un Kazaïte provenant de ces deux Matsote la à chacun, il faudra préparer à l’avance des morceaux de Matsa Chémoura qu’on partagera entre les convives afin que chacun puisse avoir deux Kazaïte à manger. Il faut manger la Matsa avant le milieu vrai de la nuit (‘Hatsote) [Voir dans les calendriers quelle est l’heure exact]. Après cette heure-là, il faudra naturellement aussi la manger mais sans réciter la bénédiction sur la Matsa (mais en récitant celle du Motsi).
De nos jours, après la destruction du Temple, la Mitsva ordonnée par la Tora de manger des herbes amères, n’existe plus, car ces herbes étaient à l’origine mangées avec l’agneau pascal et malheureusement aujourd’hui nous ne pouvons plus offrir ce sacrifice.
Nous avons déjà expliqué que pour le Maror nous avons l’habitude de prendre de la laitue, de préférence amère. Pour cette raison on ne doit pas se servir d’une laitue cuite ou en conserve et cela inclut aussi une laitue qui aurait été conservée plus de vingt-quatre heures de suite dans de l’eau et aussi une laitue qui aurait été conservée dans du vinaigre, même très peu de temps.
S’il n’y a pas de laitue fraîche, ou si les laitues sont remplies de vers à tel point qu’il soit impossible de les nettoyer, on pourra prendre des endives ou du raifort.
Il faut prendre une quantité de 28 grammes de laitue par personne, mais pour les personnes âgées ou les malades il est possible de se contenter de 17 grammes (aussi bien pour la laitue que pour le raifort). Il faut avoir l’intention de se rendre quitte aussi du Maror qu’on mangera plus tard avec de la Matsa (Korekh). Les personnes malades
Nos Sages ont institué, en souvenir de la coutume de Hillel Hazakène qui était de manger l’agneau pascal avec la Matsa et le Maror ensemble, d'en faire autant de nos jours.
Il est conseillé d’avoir pour le dîner des invités afin:
Le terme hébreu "Tsafoun" veut dire caché. C’est une allusion à la Matsa qu’on a divisée en deux au début du Sédèr et qu’on a cachée sous les coussins.
Si on a oublié de manger l’Afikomane et qu’on a déjà récité la bénédiction finale du repas, il faudra se relaver les mains (sans bénédiction) réciter la bénédiction de Motsi, puis manger l’Afikomane et refaire Birkate Hamazone.
Avant d’entonner le Chir Hama’alote (pour ceux qui en ont la coutume), on rincera les coupes de vin puis on les remplira. Maïm A'haronim "מים אחרונים" Le Zimmoun. La troisième coupe de vin.
Avant de commencer à réciter les psaumes louant D. nous ouvrons la porte d’entrée de la maison afin de bien affirmer notre confiance en D., en cette soirée dePéssa'h qui est appelée «Nuit de Protection » (Ex.chl2; v.42).
Après avoir fini le Hallel on boira la dernière coupe de vin en étant accoudé sur le côté gauche, si possible en entier. Mais pour ceux qui se sont servis d’une coupe ayant un contenu de 150gr., il suffit de boire 86gr. pour pouvoir réciter la bénédiction finale sur le vin. Quand boit-on la quatrième coupe?
Nous émettons le voeu qu’après avoir accompli, comme il se doit, toutes les règles de cette soirée, nos prières soient exaucées et que nos actes (Mitsvote) soient acceptés par D.
Les Achkénazim ont l’habitude de ne réciter que le premier paragraphe du Chéma’ et la bénédiction de "המפיל" avant de se coucher, car cette nuit-là nous sommes spécialement protégés par D. |