Rabbi David Leibowitz (1890-1941), fondateur de la Yéchiva Rabbeinou Yisraël Meir HaKohen ('Hafets 'Haïm), était pétri de la tradition de moussar (éthique) de Slabodka, qui insistait sur la gadloute Haadam - le fait de reconnaître et d'accentuer la grandeur de chacun.
Rabbi Abba Zalke Gewirtz de Cleveland, Talmid (élève) dévoué de R' David, se rappelle qu'au cours de l'un de ses premiers shmuessen (discours), R' David décrivit une scène qui pourrait survenir dans n'importe quel foyer juif le vendredi soir.
"Imaginez", dit le Roch Yéchiva, "un père et son fils rentrant de la synagogue après la prière de Kabbalate Chabbate (Accueil du Chabbate) et de Maariv. Ils rentrent dans la maison où le reste de la famille les accueille. La table est illuminée par les bougies éblouissantes de Chabbate et par le vin flamboyant qui sera bientôt utilisé pour le Kidouch.
Tout le monde s'assemble autour de la table, prêt à entonner le 'Chalom Aleikhem' (l'accueil des deux anges qui escortent chaque homme au retour de la synagogue le vendredi soir). Cependant, alors que le père de famille s'apprête à prendre place derrière sa chaise, il s'aperçoit que le napperon qui recouvre habituellement les 'Hallote est à plat sur la table devant lui. Quelqu'un - sa femme ou l'un des enfants - a oublié de sortir les 'Hallote !
Le père se fâche. "Qui était supposé apporter les 'Hallote à table?" demande-t-il. Il se met alors à morigéner sur un ton sarcastique, "Est-ce la première fois que nous passons Chabbate dans cette maison ?"
Sa femme est gênée, les enfants sont humiliés, et les invités présents sont mal à l'aise.
Or, ce dont le père ne tient pas compte," continua R' David, "c'est du message très important que lui envoie le napperon des 'Hallote. La Michna Berourah (Ora'h 'Haïm 271 note 4, rédigée par l'oncle de Rabbi David Leibowitz, le 'Hafets 'Haïm) remarque que nous couvrons les 'Hallote "Chélo yiré hapate bochta : afin que le pain ('Halla) ne voit pas son humiliation'. Habituellement, lorsque nous nous apprêtons à faire un repas comprenant à la fois du pain et du vin, nous faisons d'abord la Bérakha (bénédiction) sur le pain. En effet, dans la liste des Sept Espèces de la Torah, le blé est mentionné avant le vin (cf Devarim 8:8).
A la table du Chabbate, par contre, à cause de l'importance du Kidouch sur le vin, la Bérakha sur ce dernier a priorité sur la berakha sur la 'Halla. C'est pourquoi la 'Halla est recouverte, afin 'qu'elle ne voit pas sa honte' de passer en deuxième position.
Mais en réalité", conclut R' David, "Est-ce qu'une 'Halla a des sentiments? Est-elle sensible? Bien sûr que non! Et pourtant les 'Hazal (nos Sages) nous enjoignent de faire preuve de considération et de tact envers les 'Hallote. Que dire alors des êtres humains qui éprouvent, eux, des sentiments! De toute évidence, il faut a fortiori veiller soigneusement à ne pas les blesser!
L'homme inconséquent qui dénigre ainsi les membres de sa famille en présence du napperon de la 'Halla est en fait aveugle à ce qui se trouve juste sous ses yeux."
Voila une règle pour le Chabbate qui mérite d’être maintenue toute la semaine !
Sur les traces du Maguid, Éditions Raphaël
Rabbi Abba Zalke Gewirtz de Cleveland, Talmid (élève) dévoué de R' David, se rappelle qu'au cours de l'un de ses premiers shmuessen (discours), R' David décrivit une scène qui pourrait survenir dans n'importe quel foyer juif le vendredi soir.
"Imaginez", dit le Roch Yéchiva, "un père et son fils rentrant de la synagogue après la prière de Kabbalate Chabbate (Accueil du Chabbate) et de Maariv. Ils rentrent dans la maison où le reste de la famille les accueille. La table est illuminée par les bougies éblouissantes de Chabbate et par le vin flamboyant qui sera bientôt utilisé pour le Kidouch.
Tout le monde s'assemble autour de la table, prêt à entonner le 'Chalom Aleikhem' (l'accueil des deux anges qui escortent chaque homme au retour de la synagogue le vendredi soir). Cependant, alors que le père de famille s'apprête à prendre place derrière sa chaise, il s'aperçoit que le napperon qui recouvre habituellement les 'Hallote est à plat sur la table devant lui. Quelqu'un - sa femme ou l'un des enfants - a oublié de sortir les 'Hallote !
Le père se fâche. "Qui était supposé apporter les 'Hallote à table?" demande-t-il. Il se met alors à morigéner sur un ton sarcastique, "Est-ce la première fois que nous passons Chabbate dans cette maison ?"
Sa femme est gênée, les enfants sont humiliés, et les invités présents sont mal à l'aise.
Or, ce dont le père ne tient pas compte," continua R' David, "c'est du message très important que lui envoie le napperon des 'Hallote. La Michna Berourah (Ora'h 'Haïm 271 note 4, rédigée par l'oncle de Rabbi David Leibowitz, le 'Hafets 'Haïm) remarque que nous couvrons les 'Hallote "Chélo yiré hapate bochta : afin que le pain ('Halla) ne voit pas son humiliation'. Habituellement, lorsque nous nous apprêtons à faire un repas comprenant à la fois du pain et du vin, nous faisons d'abord la Bérakha (bénédiction) sur le pain. En effet, dans la liste des Sept Espèces de la Torah, le blé est mentionné avant le vin (cf Devarim 8:8).
A la table du Chabbate, par contre, à cause de l'importance du Kidouch sur le vin, la Bérakha sur ce dernier a priorité sur la berakha sur la 'Halla. C'est pourquoi la 'Halla est recouverte, afin 'qu'elle ne voit pas sa honte' de passer en deuxième position.
Mais en réalité", conclut R' David, "Est-ce qu'une 'Halla a des sentiments? Est-elle sensible? Bien sûr que non! Et pourtant les 'Hazal (nos Sages) nous enjoignent de faire preuve de considération et de tact envers les 'Hallote. Que dire alors des êtres humains qui éprouvent, eux, des sentiments! De toute évidence, il faut a fortiori veiller soigneusement à ne pas les blesser!
L'homme inconséquent qui dénigre ainsi les membres de sa famille en présence du napperon de la 'Halla est en fait aveugle à ce qui se trouve juste sous ses yeux."
Voila une règle pour le Chabbate qui mérite d’être maintenue toute la semaine !
Sur les traces du Maguid, Éditions Raphaël