L'honneur dû au frère aîné

Mon père a eu une attaque cérébrale et n’est pas a la maison maintenant.
Ma question et la suivante :

Moi j’ai 17ans, j'ai un frère qui a 22ans. Il ne respecte pas le Chabbate. Je voudrai savoir si moi je peux faire le Kidouch, en sachant que lui veut garder son Kavod ?

Rav Aharon Bieler
Un homme a l'obligation d'honorer son frère aîné ainsi qu'il apparaît dans la Guémara (1) et qu'il a été tranché dans le Choul'hane 'Aroukh (2).
Cette obligation existe qu'il soit son frère par le père ou par la mère (3).

Cette obligation persiste même si le frère le plus jeune est plus érudit que son aîné (4).

L'honneur que l'on doit dispenser à son frère aîné n'atteint celui que l'on doit à ses parents.
On a ainsi l'obligation de se lever au moment ou celui-ci est appelé à la lecture de la Tora.
Il est interdit de le rabaisser par des propos dévaluant.

On pourra par contre le contredire pour exprimer un avis contraire. Ce qui est interdit vis à vis de ses parents. De même, on pourra l'appeler par son prénom ce qui serait considéré comme un manquement à l'honneur dû à son père ou à sa mère (5).

Même dans le cas où le frère aîné n'a aucune érudition en matière de Tora ('Am Haarèts), on a l'obligation de l'honorer.
Par contre, si celui-ci est un mécréant (Racha') et qu'il ne respecte pas les préceptes de la Tora, il n'y a aucune obligation de l'honorer (6).

En ce qui concerne le Kiddouch que veut s'attribuer votre frère, sachez qu'il est à priori non valable. Il pourra donc difficilement vous acquitter de la Mitsva dans ces conditions.
Voir à ce propos la réponse à la question 116 Le vin touché par un Mé'halèl Chabbate Béfarhéssya

Par ailleurs, vous savez qu'il est interdit de consommer quoi que ce soit le Chabbate ou les jours de fête avant de faire le Kiddouch (7). Cette obligation peut même être, selon les circonstances une injonction de la Tora.

Il est donc bien évident que vos ne pouvez pas transgresser un ordre de la Tora ou de nos sages pour honorer une personne qui n'en est pas digne.

Toutefois, vous éviterez dans la mesure du possible d'augmenter les tensions avec votre frère. Vous tacherez de lui expliquer avec diplomatie que l'honneur qui lui est du par la Halakha (loi juive) ne peut être revendiqué que par celui qui la respecte.
D'autre part, vous pourrez lui faire comprendre que s'il s'entêtait à vouloir vous acquitter par son Kiddouch "non valide", il vous mettrait en porte à faux par rapport à vos convictions.

En dernier ressort vous pourrez éventuellement faire le Kiddouch en même temps avec lui en utilisant votre propre verre de vin.

Kol Touv
1) Kétouvote 103a
2) Yoré Dé'a chap. 240 par. 2
3) Voir Guémara Kétouvote 103a; Choute Haroch Klal 15 chap. 6 et Choute 'Hatam Sofèr tome 6 chap. 29
4) Rama Yoré Dé'a chap. 240 par. 22; Voir aussi le Mé'am Lo'èz Parachate Chémote page 666
5) Voir le Yalkoute Yossèf partie Kiboud Av Vaèm tome 2 chap. 14 par. 13
6) Choul'hane 'Aroukh Yoré Dé'a chap. 240 par. 23
7) Choul'hane 'Aroukh Ora'h 'Haïm chap. 271 par. 4